Les dessins anciens se raréfient au profit des feuilles XVIIIe. Tandis que le XIXe siècle, encore à défricher, ouvre de nouvelles perspectives de collection.
Les amateurs le savent bien : il y a mille façons de collectionner les dessins anciens. Par époque, par artiste, genre ou école, par thème (paysage, portrait, architecture…). Et souvent avec une sensibilité pour une technique particulière (pastel, sanguine, encre et lavis d’encre, pierre noire…). Certains cherchent l’œuvre achevée. D’autres, le simple trait de génie, l’esquisse témoignant du processus de création d’un artiste.
Force est de constater que les pièces du xvie ainsi que les belles feuilles du xviie se sont raréfiées. Quelques rares exemplaires sont à découvrir à Paris, comme chaque année, au Salon du dessin. Telle une Étude de guerrier antique de Toussaint Dubreuil (1561-1602) dont un dessin plus abouti est conservé au Louvre. Cette étude a fait partie de la collection du peintre britannique du xviiie Joshua Reynolds qui l’avait attribuée à Michel-Ange ! Un phantasme courant chez les collectionneurs d’œuvres sur papier qui rêvent de posséder le croquis d’une « main » prestigieuse. Les attributions sont rarement définitives dans ce domaine…
Les dessins du xviiie siècle offrent encore de belles opportunités d’achat, notamment les feuilles françaises et italiennes par Fragonard, Boucher, Natoire ou Tiepolo (père et fils). Tandis que les seconds couteaux sont peu prisés, surtout lorsqu’ils abordent des thèmes un peu trop sucrés et mièvres, comme les bacchanales, en vogue à l’époque. Avec le xixe siècle, le dessin s’ouvre davantage aux collectionneurs. La signature, qui commence à apparaître au siècle précédent, se généralise. On appose par ailleurs des cachets sur des fonds d’ateliers d’artistes. Et quand subsiste la question de l’attribution, on peut se tourner vers les corpus d’artistes, les livres monographiques, les tableaux des musées, les catalogues de ventes publiques et les archives de marchands. Bref, une large documentation.
L’attrait et la variété des sujets, plus proches de notre époque, jouent également. C’est l’âge d’or du paysage topographique. De formidables
aquarellistes font leur apparition, tels Boudin ou Turner. C’est aussi l’époque où l’école de la nature se met en place… La partie n’est pas toujours plus facile pour autant. Car devant la profusion d’œuvres disponibles sur le marché, de qualités très inégales, l’amateur (pas toujours éclairé) ne sait où donner de la tête.
Le Salon du dessin, du 25 au 30 mars au palais de la Bourse, place de la Bourse, Paris IIe, tél. 01 45 22 08 77, www.salondudessin.com
Dessins au quartier Drouot, du 19 mars au 30 mars, rues Drouot, de la Grange-Batelière, de Provence, Rosini, Chauchat, Bergère, passages Jouffroy et Verdeau, Paris IXe, tél. 01 47 70 41 73.
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Le dessin ancien reste à la page
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Abonnez-vous dès 1 €Est-il conseillé d’acheter un dessin qui n’est pas en très bon état ?
Tout dépend si la dégradation nuit à la lecture du dessin. Un dessin qui comporterait une tache se
situant en bas de la composition, près du pied d’un personnage, par exemple, ne serait pas déprécié. En revanche, si la tache touche au personnage principal, c’est embêtant…
En matière de conservation, quelles précautions faut-il prendre ?
Ne pas mettre les dessins en lumière directe et éviter les excès d’humidité. Mais aussi se méfier des vieux montages : vérifier qu’ils n’ont pas été réalisés avec un carton acide, ce qui risque avec le temps de tacher le papier. Et réencadrer si besoin.
Un dernier conseil ?
Ne pas hésiter à acheter des dessins d’artistes peu connus, à partir du moment où la qualité est là.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°611 du 1 mars 2009, avec le titre suivant : Le dessin ancien reste à la page