Les transactions supérieures à 100 millions de dollars (78 millions d’euros) semblent, aujourd’hui, monnaie courante. En 2004, les 104 millions de dollars (80 millions d’euros) du Garçon à la Pipe de Picasso chez Sotheby’s avaient défrayé la chronique. L’été dernier, le milliardaire Ronald Lauder avait franchi un nouveau pas en achetant pour 135 millions de dollars le Portrait d’Adèle Bloch-Bauer par Gustav Klimt. Le New York Times a révélé le 18 novembre dernier, la vente par le producteur David Geffen d’une Woman (1952-53) de Willem de Kooning pour 137,9 millions de dollars au collectionneur Steve Cohen. Le mois dernier, Geffen aurait déjà vendu un tableau de Jackson
Pollock, N°5 de 1948, pour 140 millions de dollars.
Ces ventes confortent forcément les pics enregistrés en ventes publiques. Le record de 27,1 millions de dollars (21 millions d’euros) acquitté par un collectionneur américain pour un tableau de 1977 de de Kooning paraît du coup « bon marché » ! Ces négociations de gré à gré indiquent surtout que les artistes américains d’après-guerre valent définitivement plus chers que les maîtres modernes de l’Ancien Continent comme Picasso ou Van Gogh. Un constat qu’ont aussi confirmé les ventes d’art contemporain de novembre à New York. Christie’s a décroché la palme le 15 novembre avec un total de 239,7 millions de dollars (187 millions d’euros) et dix-sept records. La veille, Sotheby’s avait engrangé 125,1 millions de dollars (97 millions d’euros) et quinze records. Avec de Kooning, Andy Warhol fut le grand gagnant de la semaine. Le magnat de l’immobilier de Hong Kong, Joseph Lau, a acquis pour 17,37 millions de dollars (13,5 millions d’euros) le grand portrait de Mao de 1972. Le dernier Mao de cette taille passé en vente avait obtenu 672 500 livres sterling en 1996 chez Sotheby’s. En dix ans, la valeur d’un tel tableau a donc décuplé.
Les jeunes aussi
Si les prix des pointures de l’après-guerre laissent plus d’un observateur KO, ceux des jeunes pousses déboussolent encore davantage. Chez Sotheby’s, un tableau de Barnaby Furnas, artiste américain âgé de 33 ans, s’est adjugé pour 520 000 dollars (405 000 euros). Son précédent record de 396 800 dollars ne remonte qu’à mai dernier. En 2002, le ticket d’entrée pour un petit tableau n’était que de 3 500 dollars ! Du fait de la demande de collectionneurs comme Charles Saatchi, Ebrahim Melamed ou Ingvild Goetz, l’écart se creuse entre le premier et le second marché. En octobre, sur Frieze Art Fair à Londres, la galerie londonienne Modern Art a ainsi cédé un diptyque de l’artiste pour 50 000 dollars (39 000 euros).
Autre record déconcertant, celui de 441 600 dollars (344 000 euros) obtenu chez Christie’s par Matthias Weischer, peintre allemand lui aussi âgé de 33 ans. Le précédent record de 209 600 livres sterling (310 543,51 euros) remonte à tout juste un mois ! Comme Furnas, son entrée sur le second marché ne remonte qu’à l’an dernier. Pour lui, le hiatus se creuse entre les prix déboursés par les collectionneurs bénéficiant d’un accès privilégié et les autres. Ainsi, en juin 2005, les happy few pouvaient acheter ses toiles autour de 20 000 dollars chez le marchand Eigen Art (Berlin-Leipzig). Conclusion : sur le terrain des jeunes artistes, Allemands et Américains sont à armes égales sur le marché.
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Le contemporain s’emballe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°248 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Le contemporain s’emballe