Bijoux

Le combat des carats

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 7 juillet 2006 - 810 mots

Cet été, Artcurial vient concurrencer Tajan dans la principauté de Monaco. Au total, les deux maisons mettent en vente plus de mille bijoux.

 MONACO - Du 31 juillet au 2 août, plus de mille bijoux seront dispersés dans la principauté de Monaco en six vacations successives. François Tajan ouvrira le bal sous la bannière d’Artcurial. Monaco lui est familier : sa grand-mère y est résidente. Après avoir ouvert un bureau sur le rocher en début d’année, il a étoffé le département bijoux d’Artcurial créé fin 2005. L’équipe se compose de la spécialiste Julie Valade, débauchée de chez Tajan, assistée de l’expert parisien Thierry Stetten, consultant préposé au catalogage. Dernière recrue en date, Stephen Giles, l’ex-directeur du département bijoux de Phillips de Pury & Company, chapeaute le département depuis avril 2006. Ce prospecteur de clientèle aguerri devrait donner un niveau international aux ventes d’Artcurial, notamment à Monte-Carlo. « Mon job est de trouver les pièces et les acheteurs internationaux», confirme-t-il.
De l’autre côté, Jacques Tajan, qui défend les couleurs de la maison éponyme qu’il a fondée, orchestrera à la suite de son fils une série de trois vacations pour la trente et unième année consécutive. C’est à coup de pierres précieuses que les deux Tajan s’affronteront.
Cette compétition sera sans doute favorable aux acheteurs, qui auront cette saison l’embarras du choix. « Il y a de la place pour tout le monde quand on vend de jolies choses. L’univers de la joaillerie fonctionne beaucoup aux coups de cœurs », assure l’expert de Tajan, Chantal Beauvois. D’expérience, sa clientèle estivale se compose d’acheteurs habituels de la maison de ventes, collectionneurs et marchands, ainsi que d’un public de Monégasques dont les achats atteignent jusqu’à 30 % en valeur selon les années. Notons aussi qu’un tiers des lots vient de la population locale et du sud de la France (Nice, Cannes, Aix-en-Provence, Marseille, Montpellier…). Les poids lourds de la vente Tajan seront une bague en platine sertie d’un diamant de taille marquise de 15,16 carats (couleur E et pureté VS1), une création Gérard estimée 350 000 euros, et un diamant de taille émeraude de 10,06 carats (couleur E et pureté VS1), estimé 250 000 euros – « de taille et de forme idéales, le rêve de toute femme », commente Chantal Beauvois. Un sculptural bracelet de 1939 de la maison Cartier en saphirs et diamants, estimé 120 000 euros, s’affiche en couverture du catalogue. Cette pièce pourrait créer la surprise, car la duchesse de Winsor aurait possédé un collier assorti réalisé la même année. Une information qui n’a, pour l’instant, pas été confirmée par Cartier, mais le joaillier rachète parfois des pièces pour ses propres collections. Notons aussi une parure signée Cartier comprenant un collier rivière composé de diamants ronds et navettes retenant un pendentif (lui-même centré d’une émeraude en poire entouré de diamants navette et poire), avec sa bague assortie, estimée 100 000 euros l’ensemble, et deux magnifiques saphirs de taille coussin, l’un birman de 30,26 carats estimé 90 000 euros, l’autre cashmere de 8,98 carats estimé 120 000 euros.

Le rouge en tête
Chez Artcurial, les deux pièces phares de la vente sont deux bagues ornées chacune d’une sublime pierre de couleur, l’une d’un très rare diamant bleu Fancy Vivid Blue de taille émeraude de 3,36 carats (pureté IF) et l’autre d’un diamant rose Fancy Orangy Pink de forme ovale de 7,98 carats (pureté VS2). Elles sont estimées autour d’un million d’euros chacune. Stephen Giles n’est pas étranger à l’apparition de ces joyaux, véritables vedettes de la saison monégasque. En 2000, ce truffier avait déniché un diamant Vivid Blue de 5 carats qui avait atteint plus de 2,6 millions de dollars à Genève. Rappelons que, dans la nomenclature du diamant, le rouge et le vert viennent en tête, avant le bleu puis le rose, et enfin le jaune et le blanc. La vente compte également un collier en or jaune formé d’une rivière de diamants taillés en brillants et ovales, coupée d’un diamant jaune de taille coussin de 4,55 carats. Estimé 350 000 euros, le bijou retient un important pendentif orné d’un diamant rond de couleur jaune de 28,43 carats. Il faut encore signaler un collier Art déco collerette, non signé, en platine et or gris orné de 22 émeraudes ovales ou rondes taillées en cabochon. Il a été estimé 220 000 euros en fonction du poids de ses pierres précieuses, soit 60 carats d’émeraudes. L’an dernier, sur le rocher, la maison Tajan avait dispersé plus de 300 pièces de joaillerie pour près de 2,3 millions d’euros, soit environ 50 % en valeur et en lots. Cette année, l’offre sera doublement plus généreuse. Élèvera-t-elle d’autant la demande ?

TAJAN - Expert : Chantal Beauvois - Estimation : 5 millions d’euros - Nombre de lots : 630 ARTCURIAL - Expert : Thierry Stetten - Estimation : 6 millions d’euros - Nombre de lots : 472

- BIJOUX, vente le 1er et le 2 août, salon Bellevue du Café de Paris, place du Casino, Monte-Carlo, 98000 Principauté de Monaco ; SVV Tajan, tél. 01 59 30 30 30. Exposition publique : à Paris, uniquement sur rendez-vous jusqu’au 26 juillet, et à Monaco le 30 juillet 16h-21h, le 31 juillet 11h-20h, www.tajan.com - BIJOUX, vente le 31 juillet et 1er août, Hôtel Métropole, 4, av. Madone, Monte-Carlo, 98000 Principauté de Monaco ; Artcurial, tél. 01 42 99 20 20. Exposition publique : les 8, 10, 11, 12 juillet 11h-19h, hôtel Dassault, Paris, le 29 juillet 11h-18h, le 30 juillet 11h-21h et le 31 juillet 10h-12h à Monaco, www.artcurial.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°241 du 7 juillet 2006, avec le titre suivant : Le combat des carats

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