Foire & Salon

Le circuit Wartski

Le joaillier-bijoutier mise sur les foires

Par Elspeth Moncrieff · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2000 - 707 mots

Fondée en 1865, la maison londonienne Wartski vend des bijoux anciens, des pièces de Fabergé et des tabatières du XVIIIe siècle. Elle est présente sur plusieurs salons à New York, Maastricht et Palm Beach. Geoffrey Munn, l’un de ses directeurs, évoque le marché des bijoux anciens, le rôle des grandes foires pour s’affirmer face aux maisons de vente, ainsi que l’importance de la clientèle américaine.

LONDRES - Ces dernières années, ce sont les pièces haut de gamme qui se sont le mieux vendues : les plus belles créations de Fabergé et les plus beaux bijoux destinés à être portés. En Angleterre, il est très rare que les femmes portent des parures de pierres précieuses et nous savons, d’expérience, que c’est plutôt une habitude américaine. Certains Européens achètent ce genre de bijoux, mais j’ai pu me rendre compte à Maastricht que cela ne représente absolument rien pour eux. Ils les trouvent souvent beaucoup trop voyants.

Le marché du coffret à bijoux est pratiquement moribond ; si vous avez la chance d’en dénicher un de belle qualité, ce qui nous est arrivé récemment, vous pouvez être sûr de le vendre très rapidement. En ce moment, nous devons faire preuve de beaucoup d’imagination pour nous recycler et trouver de nouveaux marchés. L’ouvrage de Katherine Purcell sur Falize, ainsi que l’exposition qu’elle a organisée cette année, ont eu des conséquences notables. De plus en plus de bijoux signés Falize font leur entrée sur le marché. Il y a vingt-cinq ans, ces bijoux atteignaient déjà des prix mirobolants en ventes publiques, du fait de leur beauté exceptionnelle. Castellani et Giuliano obtiennent toujours, à juste titre, des résultats honorables, mais depuis trois ans, les pièces de très grande qualité se font assez rares. Leur production était limitée, contrairement à celle de Fabergé, qui demeure le plus important joaillier de tous les temps.

Nous nous sommes lancés sur le marché du diadème après l’exposition de 1998, et nous en vendons beaucoup plus que l’on pourrait l’imaginer. Bien que peu portés, lorsqu’ils sont signés de joailliers  tels Fabergé, Chaumet, Giuliano ou Castellani, ils répondent à un double critère de choix : une pièce magnifique par un grand nom.

Le circuit des grandes foires
Il n’est pas facile de vendre des objets parfaitement inutiles même s’ils sont d’une grande beauté et, dès le départ, nous sommes défavorisés. Pour concurrencer les maisons de vente, nous passons à présent la majeure partie de l’année sur le circuit des foires internationales. Ces manifestations sont un peu comme une immense mare qui ne contiendrait qu’un ou deux superbes poissons pour des milliers de pêcheurs à l’affût. De temps en temps, on fait une belle prise. La clientèle la plus difficile est celle de Maastricht ; récemment encore, Fabergé ne l’intéressait pas particulièrement. Chaque année, de véritables chefs-d’œuvre sont proposés à la vente, mais la foire est si vaste que j’ai toujours les pires difficultés à les localiser. Les organisateurs se déplacent à bicyclette durant la préparation des stands !

C’est à la foire des Haughton à New York que la maison Wartski est la plus à son aise. Cette année, nous y avons rencontré un nouveau client qui portait des gouttes de diamant montées sur une chaîne de platine ; je les ai repérées de loin et il m’a laissé les examiner.

La foire de Palm Beach doit, elle, trouver son créneau, et j’espère qu’elle y parviendra. La clientèle est sensiblement la même qu’à New York, les deux salons appartenant au même circuit mondain, mais il est intéressant de noter que les acheteurs semblent se comporter différemment à Palm Beach. Ils sont tous en vacances et la concurrence entre collectionneurs semble moins féroce.

Les bijoux anciens portables ont le vent en poupe. Ils font partie de la vie affective des gens : tant que l’amour sera à la mode, le marché des bijoux suivra. 50 % des pièces que nous proposons sont achetées par des hommes. Certains d’entre eux sont des collectionneurs qui connaissent l’histoire de la joaillerie et s’intéressent à son côté magnétique, à la valeur de talisman des bijoux, et ils n’achètent pas nécessairement pour une femme. Les femmes viennent seules ou accompagnées de leur mari, et elles me demandent parfois de glisser une allusion un peu appuyée...

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°97 du 21 janvier 2000, avec le titre suivant : Le circuit Wartski

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