Le commissaire-priseur Éric Couturier, qui dirigeait une petite étude à Drouot, a rendu son marteau cette année pour ouvrir une galerie d’art rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Des tableaux et aquarelles des XIXe et XXe siècles, de la sculpture moderne et contemporaine et des œuvres de Fautrier y sont exposés.
PARIS - “C’est un changement de vie très agréable”, se félicite Éric Couturier, 48 ans, qui a troqué sans regret cette année sa casquette de commissaire-priseur d’une petite étude contre celle de galeriste. Nommé commissaire-priseur en 1985, il cherchait depuis longtemps une ouverture. Son activité rue de Drouot se résumait pour 80 % à des ventes courantes, la plupart du temps inintéressantes, tandis qu’un réseau de notaires lui confiait 200 inventaires par an, entre successions et tutelles. “Je faisais plus de judiciaire que de ventes d’objets d’art. Or je n’ai pas choisi ce métier pour faire cela”, nous a-t-il confié. L’évolution de la profession ne le séduit pas davantage. “Pour faire des ventes volontaires, quand on est une petite structure, il faut se reposer de plus en plus sur de nouveaux intervenants qui vous apportent des ventes clé en main. C’est une chose que je ne maîtrise pas et qui ne me plaît pas.” Lorsqu’un espace d’exposition se libère en début d’année rue du Faubourg Saint-Honoré, sur l’axe Sotheby’s-Christie’s, il saute sur l’occasion. “Nous avons ouvert en mars, au cinquième jour du confit irakien !” Il reprend alors les spécialités dont il aimait s’occuper à l’hôtel des ventes : la sculpture moderne et contemporaine, dont il a été le premier à proposer des ventes homogènes à Drouot, et les tableaux et sculptures de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, qui avaient attiré une clientèle américaine en 2001 et 2002. “Malgré la crise, les Américains restent tout de même la locomotive du marché.” Pour la partie tableaux, qui vise essentiellement une clientèle américaine, Éric Couturier a choisi de développer deux thématiques : Paris et la femme. Si les sujets sont commerciaux, “les œuvres sont de qualité, pas vulgaires”, insiste le galeriste, qui dispose de plusieurs œuvres de Gustave Madelin, Franck Boggs, Helleu, Commère, Kisling... Pour la sculpture contemporaine, il présente l’œuvre de deux artistes : Patrice Brisbois et l’Espagnol Jorge Borras. Il s’occupe également de l’œuvre de Fautrier, non sans raison, car son père, Michel Couturier, autrefois installé rue de Seine, a été le marchand de l’artiste. “Il avait aussi Étienne-Martin sous contrat et a travaillé avec la veuve d’Yves Klein. J’ai baigné dans cette histoire.” La galerie Couturier expose enfin des bijoux anciens et Art déco, plus quelques pièces griffées d’occasion, un domaine que se réserve Élodie Couturier, gemmologiste de formation, femme et principal clerc de l’ex-commissaire-priseur. “Le mélange tableaux-bijoux fonctionne bien, quoi que moins classique en France qu’aux États-Unis”, précise cette dernière. “Avant, au rythme qui m’était imposé, je n’avais pas le temps de m’attarder sur les objets, c’était vraiment de l’abattage. Aujourd’hui, j’achète les œuvres qui me plaisent, se félicite Éric Couturier. Et je suis, de plus, soulagé d’une paperasserie administrative qui pesait sur ma profession.”
63 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 paris, tél. 01 42 66 61 16, tlj sauf dim. 10h30-19h.
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Le choix d’Eric Couturier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : Le choix d’Eric Couturier