Thaddaeus Ropac rend hommage à l’artiste connue depuis les années 1960 pour ses répliques d’œuvres d’artistes célèbres.
Paris. 2024 marque le centenaire de la naissance d’Elaine Sturtevant (1924-2014). Ce repère chronologique sert de prétexte à l’exposition organisée par la galerie Thaddaeus Ropac, en hommage à un travail fondé depuis le milieu des années 1960 sur la copie revendiquée d’œuvres d’autres artistes (tels qu’Andy Warhol, Jasper Johns, Marcel Duchamp, Felix Gonzáles-Torres…). Ce travail, Thaddaeus Ropac le soutient depuis 1991. À l’époque, Elaine Sturtevant, récemment installée en France, connaît une petite traversée du désert. La galerie l’accompagne sans faillir et, en 2010, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris lui consacre une rétrospective, à laquelle fait écho près de quinze ans plus tard, ce solo « sexy et funky », comme l’annonce la galerie. On y retrouve notamment la pièce Elastic Tango (2010), montage vidéo présenté sur neuf moniteurs formant un bloc d’écrans sculptural. Placée contre le mur du fond d’une salle où sont accrochées plusieurs toiles, elle se trouve positionnée dans la perspective du podium éclairé d’ampoules qui la précède (Felix Gonzáles-Torres, Untitled (Go-Go Dancing Platform), 1995), tandis qu’en préambule sont placées des poupées sexuelles hommes et femmes (Falsity, 2007).
Cet accrochage spectaculaire couvre ainsi l’ensemble de la production de Sturtevant, depuis le début des années 1960, en montrant les différents aspects de sa pratique : peinture, installations, papiers peints et vidéo. La démarche de cette artiste qui précéda l’appropriationnisme visait, expliqua-t-elle, à « susciter la polémique afin de stimuler le discours critique, de créer des résistances et d’ouvrir largement l’espace à de nouvelles formes de pensée “conceptionnelles” ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Sans doute est-ce pour signaler une réflexion toujours en phase avec l’époque que la galerie met en avant ses sex dollsévoquant des questions de genre très contemporaines. Quant à la vidéo Elastic Tango, elle n’a rien perdu de son acuité, alors que les algorithmes définissent de plus en plus notre perception du monde.
Certaines œuvres proviennent de l’Estate de l’artiste, d’autres de collections, et tout n’est pas à vendre car la sélection fait appel à des prêts. Elle comporte deux références historiques : Study for Rosenquist’s Spaghetti & Grass (1966) évoque la première exposition de Sturtevant en Europe, à Paris, en 1966 à la Galerie J : fermée au public, celle-ci pouvait se regarder seulement depuis la rue, à travers une fenêtre. Les Warhol Flowers (1990) sont également un clin d’œil à l’histoire de la galerie avec l’artiste : le tableau a été créé pour la première exposition que Thaddaeus Ropac lui a consacrée dans l’espace parisien qu’il venait d’ouvrir. La dernière présentation de son travail à Paris a eu lieu cet été dans le cadre de l’exposition collective « Le monde comme il va », à la Bourse de commerce-Pinault Collection (où était montrée l’installation Duchamp 1 200 Coal Bags, 1973-1992). Quels sont aujourd’hui les musées, les collections privées ou les fondations susceptibles d’acquérir une de ces œuvres historiques (entre 200 000 et 1,5 million d’euros pour les pièces de cette exposition) ? « Son marché est devenu très international, assure la galerie. Début 2025, le CAAC Sevilla accueillera la première exposition de l’artiste en Espagne, car son public ne cesse de s’élargir. »
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Le centenaire « sexy et funky » de Sturtevant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Le centenaire « sexy et funky » de Sturtevant