Expositions

Le Carré Rive Gauche se redessine

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 508 mots

Tombées dans une morne routine depuis plusieurs années, les journées portes ouvertes du Carré Rive Gauche, immuable sacre du printemps du marché de l’art parisien, cherchent à se renouveler.

PARIS - L’Association des antiquaires du Carré Rive Gauche, qui regroupe une centaine de galeries dans les rues proches du quai Voltaire, s’est dotée d’un nouveau quartier général – un bureau au 16, rue des Saints-Pères –, et a embauché une représentante permanente, Madeleine Deschamps.
"Une telle concentration de marchands et de décorateurs est une véritable chance, et il faut que le quartier devienne incontournable pour les amateurs d’art. La méthode française consiste à critiquer le voisin. Il vaut mieux voir ce qu’on peut faire de compétitif", nous affirme le président de l’association, Alain Demachy de la Galerie Camoin.

L’association cherche à promouvoir la plus grande concentration d’antiquaires spécialisés dans le monde, non seulement pendant quelques jours chaque année au mois de mai, mais tout au long de l’année. Différents projets d’aménagement du quartier se mettent en place. Axe rouge, avec interdiction de stationnement, depuis quelques années, le quai Voltaire était devenu, selon ses riverains, bien moins passant et moins hospitalier. Cet été, et à la suite des nombreuses protestations des marchands, la Ville de Paris commencera des travaux d’agrandissement du trottoir du quai Voltaire, qui sera élargi de deux mètres et agrémenté de jardinières, pour masquer ce que M. Demachy appelle "cette espèce d’autoroute qui passe devant notre nez".

La modification des éclairages du quartier sera également étudiée, et l’association proposera à tous les marchands du quartier d’installer le même genre d’enseigne perpendiculaire. À l’occasion de la Biennale des antiquaires, au Carrousel du Louvre, en novembre, l’association organisera une manifestation autour de Voltaire chez les galeristes du quai du même nom.

Du 25 au 29 mai, les marchands du Carré lancent leur opération portes ouvertes annuelle, baptisée "Cinq jours extraordinaires", sur le thème des "lumières". De très nombreuses expositions spéciales seront présentées, bien que la stagnation du marché ne permette pas à toutes les galeries de mettre en vedette, comme par le passé, un seul "objet extraordinaire".

La Galerie Chevalier, quai Voltaire, montrera deux pièces rares : une très grande (293 x 395 cm) tapisserie Louis XIV, vers 1695-99, de la Manufacture royale de Beauvais, Flore et ses suivantes, et un coussin allemand du début du XVIIe siècle, tissé en laine et soie, qui montre Orphée charmant les bêtes.  Bresset, quai Voltaire, colle au thème des "lumières" avec un lustre hollandais en bronze du XVIIe siècle, qui mesure trois mètres de haut.

Anne-Marie Farnier, de la Galerie des Saints-Pères, a fait faire son portrait par onze artistes différents pour montrer l’étendue de styles qu’elle propose à des clients qui cherchent à se faire portraiturer : il en coûte 3 000 francs pour un simple dessin, et entre 7 500 et 130 000 francs pour un tableau à l’huile. Vandermeersch, quai Voltaire, exposera une plaque en forme de médaillon circulaire, au décor en ronde-bosse sur fond bleu, représentant la Vierge et l’Enfant, vers 1530, attribuée à Andrea Della Robbia.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Le Carré Rive Gauche se redessine

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