Chaude ambiance mais résultats moyens pour la première vente latino-américaine organisée par Christie’s à Paris.
PARIS - Pour la première vente latino-américaine organisée à Paris par Christie’s le 10 juin, la session a été stimulante en terme d’ambiance. Devant un parterre réactif, sympathique et chic à la fois, le fougueux président de Christie’s Europe, François Curiel, a jonglé entre le français et l’anglais, se risquant même parfois à l’espagnol. Un exercice nécessaire face aux 48 % d’acheteurs nord-américains et 23 % de clients sud-américains. Des salves d’applaudissements ont accompagné les adjudications les plus corsées. En termes purement comptables, avec un produit de 6,5 millions d’euros et près de 40 % d’invendus, notamment certains lots phares, le résultat ne fait pourtant pas sauter de joie. « Mais j’ai rarement eu des œuvres sans offre. Peut-être que certains prix de réserve étaient trop élevés », reconnaît François Curiel. L’enjeu était cependant de taille pour la maison de François Pinault puisque sa rivale Sotheby’s détient 60 % de ce marché autrefois lucratif.
Rivera ravalé
La vente a débuté de manière dynamique avec 70 000 euros pour Frida and the Miscarriage, une lithographie de Frida Kahlo adjugée au téléphone contre le collectionneur Daniel Filipacchi. Mais les lots suivants n’ont pas bénéficié d’une égale frénésie. La Ventana, une gouache de Wifredo Lam de sa période espagnole, a été ravalée à 142 000 euros. Idem pour Septiembre d’Angel Zarraga, tableau remisé faute de dépasser les 300 000 euros. Plus décevant encore, Madre e hijo, de Diego Rivera, est resté en rade à 400 000 euros. « L’état du tableau n’était sans doute pas idéal, mais Diego Rivera est tellement rare qu’il aurait dû obtenir un meilleur résultat », regrette Ana Sokoloff, responsable du département latino-américain. Si une gouache de 1939 de Matta a été disputée jusqu’à 130 000 euros, au grand dam du marchand Olivier Malingue qui a lâché prise à 120 000 euros, deux œuvres des années 1950 ont été ravalées.
Du côté des succès, on peut relever la Cantina, une œuvre très vivante de José Clemente Orozco adjugée 720 000 euros au téléphone, à peu de choses près son estimation haute. Rufino Tamayo a obtenu sa consécration avec Claustrofobia, une huile d’un rouge puissant, très éloignée de ses habituelles tranches de pastèque. Le galeriste new-yorkais d’origine colombienne Leon Tovar l’a emportée pour 860 000 euros au terme d’une rude bataille saluée par la salle.
Exception faite de Los Amantes, ravalés à 380 000 euros, les œuvres de Fernando Botero restent des best-sellers, mais en dessous des prévisions. Le doyen des galeristes brésiliens, Jean Boghicci, a aussi décroché quelques pièces, notamment une aquarelle de Cicero Dias baptisée Bagunça (85 000 euros) et Puerto de Amberes, une toile figurative de l’artiste constructiviste Joaquin Torres-Garcia (40 000 euros). Une emplette qui surprend de la part de ce fin connaisseur. « C’est le caprice d’un de mes collectionneurs », confie le galeriste. Le dernier résultat à noter est celui de 400 000 euros pour une belle huile d’inspiration surréaliste de Francisco Toledo. La section d’art contemporain s’en est plutôt bien sortie avec 35 000 euros pour 12 photos d’Ana Mendieta et 26 000 euros pour le superbe Blue Tango de Miguel Rio Branco. Malgré ces résultats en demi-teinte, une nouvelle vente parisienne est prévue pour l’an prochain.
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Latino moderato
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°196 du 25 juin 2004, avec le titre suivant : Latino moderato