Première du genre à Paris, la Biennale des arts asiatiques s’est déroulée au jardin des Tuileries du 21 au 25 septembre. Malgré le mauvais contexte économique, les vingt-trois exposants sont pour la plupart satisfaits de leurs ventes.
PARIS - La stratégie est bonne. Avec des dimensions modestes, peu d’exposants et une programmation concordant avec la Biennale des antiquaires, la première Biennale parisienne des arts asiatiques a trouvé ses marques. Les collectionneurs étaient au rendez-vous parmi les 5 000 visiteurs, et 90 % des exposants affichent un bon bilan commercial. Comme l’Automne asiatique, créé il y a quatre ans, l’événement était organisé par l’Asaa (Association des spécialistes des arts asiatiques). “En octobre, on ne fait pas venir les grands collectionneurs étrangers pour un petit salon, affirme Antoine Lebel, président de l’Asaa. Il fallait faire cette biennale en même temps que la Biennale des antiquaires.” S’ils ont rencontré de nouveaux collectionneurs, les exposants ont vendu à leur clientèle internationale habituelle, à de rares exceptions près.
Chaque galerie a fait le choix d’exposer des objets représentatifs de sa spécialité. Il s’agissait, pour cette première édition, d’imposer son image auprès de nouveaux clients potentiels. Ce choix consensuel n’a pas pénalisé les marchands, qui ont vendu au-delà de leurs espérances, quelle que soit la gamme de prix. La galerie Barrère, qui a retrouvé son cheval de bataille en misant sur la sculpture chinoise, a vendu en deux jours 80 % de son stand pour des prix avoisinant parfois les 300 000 euros. “On a su tenter les collectionneurs”, se réjouit le spécialiste en céramiques Bertrand de Lavergne qui a vendu 50 objets entre 7 700 et 23 000 euros, dont 35 tabatières entre 800 et 10 000 euros et deux rares vaches en porcelaine d’Arita du Japon présentées dans le catalogue de la Biennale. Du côté des céramiques, un goût nouveau des collectionneurs se dessine pour les porcelaines polychromes de Pékin ou de Canton, boudées jusqu’ici. Très à la mode, le mobilier chinois, présenté notamment par la galerie Luohan de Paris, a également tiré son épingle du jeu. Le Japon était brillamment représenté, notamment par deux galeries étrangères prestigieuses : la New-Yorkaise Sebastian Izzard et l’Allemande Erik Thomsen. La première présentait des objets de qualité muséale, comme des paravents très rares ou un magnifique kimono de théâtre Kabuki. La seconde montrait des bols de cérémonie du thé parfois vieux de cinq siècles et de très beaux paniers d’ikebana (art du bouquet) du début du XXe siècle. Mais le marché de l’art japonais n’étant pas plus en forme que l’économie nipponne, ces objets chers et superbes font partie des moins bien vendus du salon. En revanche, la galerie parisienne Tanakaya a eu du succès avec ses estampes aux prix plus modestes. Sa plus belle pièce, la Femme héron de Tsunetomi (1925), a très vite trouvé preneur.
À la fin de la Biennale, l’humeur sur les stands était au beau fixe. On a même vu les exposants esquisser quelques pas de danse dans les allées. La Biennale des arts asiatiques devra, à l’avenir, coïncider avec l’Automne asiatique, un parcours d’expositions dans les galeries parisiennes suspendu exceptionnellement cette année. Chaque membre de l’Asaa participera donc à l’un ou à l’autre. Par ailleurs, la “Biennale des antiquaires bis”, envisagée en septembre prochain par le Syndicat national des antiquaires, devrait comporter une aile “arts asiatiques”. Cette profusion de manifestations inquiète les exposants partisans d’un seul événement, le plus institutionnel possible. L’avenir nous dira la formule à retenir. Tous les professionnels sont cependant d’accord sur deux points : la prochaine Biennale des arts asiatiques devra accueillir plus de galeries et se dérouler, si possible, au Pavillon des antiquaires. “Les clients devraient juste avoir à faire quelques pas pour aller de la Biennale des antiquaires [située au] Carrousel du Louvre, à la Biennale des arts asiatiques”, estime Mike Winter-Rousset, de la Compagnie de la Chine et des Indes. “Il faudrait quatre ou cinq gros marchands étrangers de plus, des spécialistes en bronzes et en art archaïque, juge Antoine Barrère. Pourquoi ne pas espérer une Asian Art Fair parisienne ?” Partie prenante cette année, la galerie Robert Hall de Londres, habituée au grand événement londonien du mois de juin, est du même avis. Il faut plus de monde, plus de spécialistes, pour un salon plus impressionnant. “Think bigger !"
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L’Asie réussie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°156 du 11 octobre 2002, avec le titre suivant : L’Asie réussie