Malgré la crise économique en Asie, l’Asian Art Fair de New York, qui s’est tenue du 27 mars au 1er avril, affiche un bilan positif. De nombreux chefs-d’œuvre ont été proposés, et certaines pièces ont atteint des prix exceptionnels.
NEW YORK - L’Asian Art Fair, du 27 mars au 1er avril, et les expositions parallèles des galeristes ont proposé une magnifique sélection d’œuvres d’art. Il serait impossible d’organiser des foires d’art occidental de cette qualité, tout simplement parce qu’il n’y a plus de quoi les alimenter. La plupart des pièces présentées étaient des “découvertes” ou des objets mystérieusement surgis de “collections privées inconnues”. En provenance de la Chine, du Tibet et du Cambodge, ces œuvres sont arrivées à Hong Kong, où les marchands se les sont arrachées pour approvisionner un marché occidental depuis quelque temps friand d’objets d’art oriental de très haute qualité. Actuellement, la Chine en est la source la plus importante, au contraire de l’Inde qui possède la plus stricte des réglementations à l’exportation. Selon Giuseppe Eskenazi, “les Chinois ont tellement de richesses qu’ils se désintéressent complètement de ce qui peut quitter leur pays”. Son exposition, “Animaux et représentations animales dans l’art chinois” (voir le JdA n° 56, 13 mars), lui a permis de réaliser de bonnes ventes. Les bronzes, en particulier, ont remporté un franc succès. J.J. Lally a pratiquement vendu toutes les céramiques et les bronzes de la dynastie Han qu’il exposait. Le stand de Gisèle Croës était l’un des points forts du salon. Sa lampe de bronze en forme d’arbre de la dynastie Han, réservée avant l’ouverture de la foire, a été vendue dès le premier jour pour quelque 2,5 millions de dollars (15 millions de francs), comme cinq autres bronzes importants, d’une valeur de 500 000 à 1 million de dollars (de 3 à 6 millions de francs). À la clôture de la foire, presque toutes les œuvres présentées sur son stand avaient trouvé acquéreur. “Aujourd’hui, les Américains délaissent les céramiques et s’intéressent davantage aux bronzes”, a-t-elle expliqué.
Même si la manière dont ces objets sont soustraits à leur environnement est déplorable et représente une grande perte pour les connaissances archéologiques, Robert Ellsworth fait valoir un autre argument : “J’ai parlé récemment à un éminent conservateur, et il est malgré tout convaincu qu’il faut acheter tout ce qui se présente. C’est la meilleure façon de préserver le patrimoine des pays en proie à l’instabilité.”
La sculpture du Sud-Est asiatique, en particulier les bouddhas et les statues de Vishnu, est très en vogue à New York, comme en témoignent les prix toujours plus élevés atteints par ces objets. Johnny Eskenazi, spécialisé depuis longtemps dans ce domaine, a vendu 250 000 livres (2,5 millions de francs) une superbe stèle en schiste du Gandhara représentant le premier sermon du Bouddha. Il constate qu’“au cours des dix dernières années, [sa] clientèle s’est considérablement élargie”.
La crise économique qui frappe les pays asiatiques n’a certes pas favorisé les affaires, mais de nombreux collectionneurs de Taiwan, Singapour et Hong Kong ont néanmoins fait le voyage. Grace Wu Bruce, marchand de mobilier Ming, a vendu ses plus belles pièces à des acheteurs d’Extrême-Orient. “Quand ils veulent vraiment quelque chose, ils l’achètent”, constate-t-elle. C’est également l’avis de deux galeries taiwanaises, Art of Chen et Li Yin Oriental Art. Selon le premier, les Taiwanais ne peuvent résister à l’attrait de New York : “Ils savent que les objets proposés ici sont authentifiés et bénéficient d’un prestige international.”
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L’Asie à la fête
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : L’Asie à la fête