La compagnie d’assurances Israel Phoenix semble avoir lancé une vague de dispersions de collections d’entreprises. Un climat économique défavorable, allié soit à une mauvaise gestion ou à un rachat, poussent Vivendi et la société irlandaise Jefferson Smurfit à se séparer de leurs collections.
LONDRES-PARIS - La frilosité de la conjoncture économique actuelle n’est pas favorable aux collections d’art d’entreprise. Ainsi viennent d’être annoncées les prochaines mises aux enchères des collections Seagram et Jefferson Smurfit.
Anciens propriétaires de la société Seagram, la dynastie canadienne des Bronfman avait réuni une collection légendaire, exposée dans le Seagram building de Park Avenue à New York, réalisé en 1959 par Mies van der Rohe. Il y a deux ans, Seagram avait été racheté par le groupe Vivendi, aujourd’hui très endetté. Cette première vente, très controversée, s’explique par la situation difficile de l’entreprise. La collection d’art est riche de 2 500 œuvres, et sa valeur pourrait atteindre 15 millions de dollars (13,57 millions d’euros). Entre autres, s’y distinguent un tableau de Mark Rothko datant de 1957, des sculptures d’Auguste Rodin ou encore le rideau de scène du Tricorne, signé Pablo Picasso, qui décore le restaurant mythique Four Seasons situé sur la 52e avenue. Les quelque 700 photographies de la collection, dont certaines ont été exposées dans le cadre du Salon Paris Photo en 2001, seront mises en vente les 25 et 26 avril à New York par Phillips, de Pury & Luxembourg, à l’équipe d’experts considérablement renforcée grâce à l’arrivée de Philippe Garner, récemment débauché de Sotheby’s. Selon la société, le reste de la collection sera vendu cet été par Christie’s à New York.
Pour sa part, la société d’emballage irlandaise Jefferson Smurfit a été rachetée l’an dernier par l’American Madison Dearborn Company. Cette prise de pouvoir explique la vente d’une partie de la collection d’art irlandais, exposée au siège social de Smurfit ainsi que dans un complexe hôtelier et un golf situés en Irlande. Si le marché de l’art irlandais a récemment atteint son point culminant, il a connu l’une des croissances les plus rapides ces cinq dernières années. Les rumeurs concernant une vente imminente ont commencé à circuler l’an passé, soulevant la crainte que la cession du vaste et inégal ensemble ne nuise au marché. Sotheby’s, qui organise la vente, aurait non seulement recommandé des estimations raisonnables, mais aurait également limité le nombre de tableaux proposés. À titre d’exemple, la pièce maîtresse de la vente, le portrait de parade Mrs St George réalisé par Sir William Orpen est estimé entre 500 000 et 700 000 livres sterling (724 000 à 1,015 million d’euros). Il y a deux ans, un portrait du même modèle s’est vendu 1,8 million de livres (2,61 millions d’euros), confirmant le fait que l’estimation est loin d’être excessive. Parmi les dix œuvres incluses dans la vente d’art irlandais qui se tiendra le 16 mai à Londres, figurent La Fille du cirque, œuvre de jeunesse (1923) de Jack Yeats, estimée entre 250 000 et 350 000 livres (362 200 à 507 100 euros), et une grande tapisserie de Louis de Brocquy, L’Allégorie, estimée entre 70 000 et 100 000 livres (100 150 à 145 000 euros). “Comme l’offre commençait à se restreindre, je pense que c’est peut être une bonne chose que ces œuvres soient mises en vente”, estime le marchand Mark Adams, spécialisé dans ce domaine.
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L’art quitte l’entreprise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : L’art quitte l’entreprise