Hervé Aaron, qui a repris depuis deux ans la direction de la galerie du faubourg Saint-Honoré, présente jusqu’au 16 octobre une quarantaine de tableaux et dessins qui dressent un panorama de l’art du portrait de 1630 à 1870. L’antiquaire souhaite faire revivre un genre un peu négligé et attirer davantage de public dans sa galerie. Les tableaux – entre 120 000 et 3 millions de francs – et les dessins anciens – de 150 000 à 1 million de francs – rendent hommage à des artistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, des écoles nordique, française et italienne.
PARIS - “Cette exposition est la première d’une longue série qui vise à mettre en valeur la section tableaux et dessins de la galerie. Créée il y a vingt-cinq ans, celle-ci est restée un peu dans l’ombre par rapport au mobilier. Organiser des manifestations régulières devrait, en outre, nous permettre de faire venir nos clients sur notre véritable lieu de travail, souligne Hervé Aaron. Les marchands ont eu trop tendance à privilégier les foires au détriment de leurs galeries.” Parmi les œuvres majeures figure une des rares œuvres du Grand Siècle de l’exposition, une grande huile (135 x 101 cm) de Hyacinthe Rigaud, exécutée entre 1688 et 1690, témoignage du talent de cet artiste qui a portraituré bourgeois, banquiers ou financiers, avant d’être choisi pour réaliser le portrait de Monsieur, frère de Louis XIV, puis celui du petit Louis XV, suivis de multiples figures de la Cour. Jean-Baptiste de Monginot, gentilhomme provençal de petite noblesse, est montré debout, tenant d’une main le portrait de sa première femme qu’il montre à une personne exclue de la composition (2,2 millions de francs).
L’exposition invite à redécouvrir une peinture un peu négligée, représentée notamment par des œuvres de Martin Drolling (1752-1817), tel un Portrait d’homme (1800) ou celui de Joseph Merceron, avocat au Parlement de Paris (1791). Ce tableau monumental (210 x 140 cm), à la mise en page rigoureuse et aux coloris raffinés, a été acquis pour 950 000 francs à Drouot, le 25 juin, dans une vente organisée par Piasa. Il est à rapprocher du Portrait du marquis de Boisgelin conservé à la mairie de Guérande.
Des marchands parisiens très actifs
On remarquera aussi une toile d’Alexis Simon Belle (1674-1734), La duchesse de Lorraine et son fils François-Étienne, futur empereur du Saint-Empire (1722), provenant de la collection du baron Lambert de Rothschild, et deux œuvres d’Antoine Vestier (1740-1824) exécutées en 1788 et 1791, des allégories de la Peinture et de la Musique. Dans les œuvres du XIXe siècle sont exposés deux Édouard Louis Dubufe (1820-1883), dont un Portrait de la marquise d’Aoust, à rapprocher de celui de Madame C. conservé au Musée des beaux-arts de Strasbourg. Moins nombreux, les dessins réservent cependant quelques belles surprises, tel le Portrait d’homme par Jean-Jacques de Boissieu (1736-1810), dédicacé amicus amicum delineavit, ou une sanguine pleine de fraîcheur de Jean-Baptiste Greuze, La Petite boudeuse.
Tableaux et dessins anciens reviennent en force à Paris depuis quelques années, grâce au travail de jeunes antiquaires comme Éric Coatalem, Jean-François Heim, Emmanuel Moatti et Hervé Aaron. Pour ce dernier, le marché des dessins et tableaux anciens devrait dans l’avenir se concentrer sur New York et Paris, qui en deviendraient les places majeures. “Plus du tiers des œuvres vendues dans les ventes londoniennes de dessins et tableaux anciens viennent de France”, souligne l’antiquaire.
Exposition-vente jusqu’au 16 octobre, galerie Didier Aaron & Cie, 118 rue du faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 47 42 47 34, tlj sauf dimanche 11h-18h. Catalogue, 50 F.
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L’art du souvenir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : L’art du souvenir