Les ventes d’argenterie de janvier sont, en général, les plus importantes de l’année aux États-Unis. Mais bien que Sotheby’s ait présenté 2 000 pièces d’origine américaine, le choix est resté limité, tout comme chez Christie’s. Toutefois, l’intérêt pour l’argenterie semble se renforcer.
NEW YORK - L’intérêt des amateurs lors des ventes d’argenterie organisées à New York au mois de janvier ne s’est pas tant porté sur les lots d’argenterie exceptionnels que sur un nombre considérable de grands services, dans une fourchette allant de 15 000 à 100 000 dollars, qui se sont presque tous bien vendus. De la même façon, les services à thé du XXe siècle, peu appréciés ces dernières années, sont partis pour des sommes substantielles, atteignant leur estimation haute quand ils ne la dépassaient pas. Ils sont allés pour la plupart à des particuliers, ce qui témoigne d’un regain des investissements dans les objets d’art luxueux.
Les pièces rares du XVIIIe siècle ont, elles aussi, atteint des prix très élevés. Sotheby’s mettait en vente le "plateau Emlen", de 40 cm de diamètre, dont l’histoire est liée à celle de George Washington puisqu’il se trouvait dans la résidence familiale, en Pennsylvanie. Son estimation – 100 000 à 300 000 dollars – était probablement le double de ce qu’elle aurait dû être, mais cette pièce de l’orfèvre de Philadelphie Richard Humphrey a tout de même été achetée 225 000 dollars (1,3 million de francs) par les antiquaires Firestone & Parsons, de Boston, pour le compte d’un enchérisseur par téléphone. Orné d’une gravure à la fois fine et nerveuse, mais très sobre car il était destiné à une austère famille Quaker, le plateau paraissait fragile et légèrement bosselé. Comparé au célèbre "plateau Myer Myers", de New York, dont la surface entièrement gravée représente un véritable tour de force d’orfèvrerie (il s’est vendu pour 5 000 dollars de plus, il y a deux ans), le prix du plateau Emlen, en dépit de son intérêt historique, semble exagéré.
Une autre pièce rare a également obtenu une adjudication surprenante : un petit pot à lait en argent repoussé, exécuté vers 1760 à Philadelphie par Joseph Richardson Sr, avec un décor rococo. Si l’originalité de la ciselure justifie l’estimation élevée (7 000 à 9 000 dollars), la somme de 23 000 dollars (130 000 francs) déboursée par le marchand Jonathan Trace reste sans précédent.
Art nouveau "martelé"
La vente d’argenterie de Christie’s a été également modeste. L’argenterie liturgique était le plus souvent en excellent état, à l’image de cette belle et rare chope faisant office de burette, réalisée en 1728 par l’orfèvre bostonien John Edwards et provenant de la congrégation religieuse à laquelle il appartenait. La chope, qui a conservé son cartouche baroque et son inscription, a été adjugée 45 000 dollars (255 000 francs) à un collectionneur.
Une rare saupoudreuse en forme de balustre, exécutée en 1710 à New York par Bartholomew Shaats, en excellent état si l’on excepte l’ajout ultérieur d’armoiries, a de loin dépassé son estimation de 14 000 à 25 000 dollars, puisqu’elle a été enlevée à 40 000 dollars (230 000 francs) par le marchand new-yorkais Eric Shurbsole. Parmi les nombreux enchérisseurs, on a remarqué le représentant du Musée de Baltimore, qui souhaite sans doute étendre sa collection et ne plus se limiter aux objets d’art exécutés dans le Maryland.
L’argenterie du XIXe siècle a remporté davantage de succès, avec de superbes pièces du sculpteur Gorham, comme cette soupière monumentale en vermeil, en forme de tortue. La soupière, beaucoup plus dorée que son support incrusté de coquillages, laissait supposer que l’on avait fait un usage plus fréquent du plateau ou que la soupière avait été redorée. Estimée 50 000 à 80 000 dollars, elle est allée à un collectionneur particulier pour 65 000 dollars (370 000 francs). Les pièces Art nouveau "martelé" de Gorham témoignent également de sa maîtrise technique, mais leur ligne est plus hiératique que fluide, à l’exception d’une paire de chandeliers martelés d’un poids de 6,5 kg, ornés de vrilles et de feuilles. Un collectionneur américain les a emportés à 55 000 dollars (315 000 francs), contre une estimation de 30 000 à 50 0000 dollars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’argent fait recette
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : L’argent fait recette