Art Paris part à la conquête d’Abou Dhabi
du 27 au 29”¯novembre.
ABOU DHABI - Après le Musée du Louvre, c’est au tour de la foire Art Paris de s’exporter, du 27 au 29 novembre, à Abou Dhabi, dans les Émirats arabes unis. Ce salon succède à Gulf Art Fair, rebaptisée depuis « Art Dubaï », qui s’est déroulée en mars dans l’émirat voisin. « Art Dubaï est une foire anglo-saxonne et [Art Paris Abou Dhabi] francophile, avec une orientation moderne-contemporain classique. La différence tient aussi à la mixité [opérée] avec les galeries de la région, explique Caroline Clough Lacoste, codirectrice d’Art Paris Abou Dhabi. Nous ne voulions pas arriver en conquérant, mais intégrer dès la première année des galeries locales pour leur offrir une passerelle avec le monde occidental. » Les deux villes concurrentes se distinguent aussi par la nature de leur population et de leurs richesses, Abou Dhabi tenant les rênes économiques grâce au pétrole. « Abou Dhabi est plus tranquille, conservatrice, alors que Dubaï est dans un certain “buzz”, observe Claudia Cellini, de la galerie The Third Line (Dubaï). Je crois qu’on verra un public différent, des expatriés et des familles vivant depuis longtemps dans la région, alors que le public de Dubaï est plus en transit. Le gouvernement est beaucoup plus impliqué dans Art Paris que celui de Dubaï ne l’était dans la Gulf Art Fair. »
Pour les exposants occidentaux, le goût des Moyen-Orientaux reste la grande inconnue. « La calligraphie sous toutes ses formes, qu’elle soit coranique ou contemporaine, est une catégorie très hot », indique Ali Khadra, directeur de la revue bimensuelle d’art et de culture Canvas (Dubaï). Présenté dans une exposition culturelle parallèle, cet art de l’écriture se déploie aussi sur le stand de The Third Line. L’abstraction cinétique est la porte d’entrée choisie par Daniel Templon (Paris) avec un solo show de Vasarely. Faute de pouvoir jauger correctement la demande, les galeries françaises ne s’aventurent pas ici avec des œuvres très chères. Anne Lahumière (Paris) prévoit ainsi des pièces très colorées dans une gamme de prix allant de 2 000 à 15 000 euros. « Les expatriés ont de bons revenus, mais pas forcément beaucoup d’argent », explique Baudoin Lebon (Paris), lequel met l’accent sur ses artistes français, tel Alain Clément, et la photographie du XIXe siècle. Fleurs, paysages et chevaux dominent le stand de Françoise Paviot (Paris), dont le clou est le Magnolia de Man Ray. La foire n’aurait-elle pas constitué un bon tremplin pour présenter des œuvres de qualité musée pour les futures institutions qui doivent s’arrimer sur l’île de Saadiyat ? Le gouvernement aurait même donné la consigne aux entreprises locales de se forger une collection. Cette incitation à l’achat pourrait porter ses fruits du côté de la sculpture monumentale. Gmurzynska (Zurich) dresse ainsi un grand Art de Robert Indiana à l’entrée de l’hôtel Emirates Palace. Enrico Navarra (Paris) réédite le principe de « L’art à la plage » avec l’opération « L’art sur la corniche », financée à près de 50 % par les autorités émiraties, en disséminant sur la jetée une quinzaine de sculptures, notamment de Subodh Gupta et de Jean Pierre Raynaud.
Reste à voir si le potentiel est assez fort pour que deux foires se tiennent à huit mois d’intervalle dans une région encore vierge sur le plan artistique. « Cela va aller très vite et ça ne mettra pas vingt ans, mais deux à trois ans », assure Caroline Clough Lacoste. En tout cas, les Émirats suscitent suffisamment de convoitises pour que la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) ait choisi de s’associer à Art Dubaï pour l’organisation d’une série de tables rondes sous l’intitulé « Paris-Dubaï ». Est-ce le désir de distancer Art Paris, outsider qui l’avait devancée en s’installant au Grand Palais et qui court-circuite aujourd’hui ses concurrentes grâce à son contrat d’exclusivité avec Abou Dhabi ?
27-29 novembre, hôtel Emirates Palace, West End Corniche, Abou Dhabi, Émirats arabes unis, tlj 16h-21h, www.artparis-abudhabi.com - Direction : Caroline Clough Lacoste, Henri Jobbé-Duval - Nombre d’exposants : 47 - Tarif des stands : 500 euros le mètre carré
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’appel du Golfe
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Pour minimiser les risques, les exposants d’Art Paris Abou Dhabi ont pu souscrire à une assurance proposée par la Coface. « La Coface avance 65 % des frais, aussi bien d’hôtel, d’avion, de stand ou de fret. Si on fait un chiffre d’affaires zéro, les 65 % sont acquis, explique la galeriste Anne Lahumière. Si on vend, on rembourse. » Et de mettre aussitôt en garde les petits malins qui feraient mine de ne pas vendre pour garder cette avance : « Il ne faut pas tricher car, à partir du moment où la pièce transite en douane, la Coface est avertie. »
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : L’appel du Golfe