Le 3 juillet, Sotheby’s Londres mettra en vente Saint Jean l’Évangéliste, une importante œuvre de Frans Hals rédécouverte au printemps dernier, dont la trace était perdue depuis 1812. L’un des rares sujets religieux traités par le maître de Haarlem, ce tableau était la dernière toile manquante des Quatre Évangélistes, qui ont toutes réapparu au cours des quarante dernières années. Elle est estimée 300 000 à 400 000 livres.
LONDRES. Ce tableau de Saint Jean l’Évangéliste se trouvait chez un collectionneur qui le croyait de la main de Jan de Bray, un contemporain de Frans Hals. Accompagné de Saint Matthieu, Saint Marc et Saint Luc, Saint Jean figure pour la première fois dans une vente en 1760, à La Haye. En 1773, Catherine II de Russie achète les quatre Évangélistes pour l’Ermitage impérial de Saint-Pétersbourg. Ernst Minich, dans son Catalogue des tableaux qui se trouvent dans les galeries, salons et cabinets du Palais Impérial de Saint Pétersbourg (1774), les décrit comme "très expressifs" et "brossés avec une touche rapide et magistrale". Les Évangélistes de Frans Hals faisaient partie des trente tableaux choisis sur les ordres du tsar Alexandre Ier par F. Labensky, conservateur de l’Ermitage, pour décorer les églises de la province de Tauride en Crimée, où ils furent envoyés le 20 mars 1812. À la fin du XIXe siècle, les biographes de Hals connaissaient l’existence des quatre tableaux. "La plupart des spécialistes estimaient qu’il n’y avait pas plus de chance de retrouver les Évangélistes de l’auteur du Chevalier souriant ou de La Bohémienne que de découvrir une nature morte de Michel Ange", écrivait Seymour Slive, spécialiste de Hals, dans le texte du catalogue de la grande exposition Frans Hals à Washington, Londres et Haarlem en 1989-1990. Pourtant, en 1959, le conservateur Irene Linnick publia les toiles manquantes de Saint Luc et Saint Marc, découvertes dans la réserve du musée d’Odessa, où elles avaient été recensées comme étant d’un artiste russe anonyme du XIXe siècle. Saint Marc avait abouti dans la famille Mattioli de Salerne, où, une fois repeint avec un col en dentelle et des manchettes à la mode du XVIIe siècle, il passait pour un portrait d’homme de Luca Giordano. Acheté en 1955 par le collectioneur milanais Silvio Severi, il était demeuré inaperçu jusqu’en 1974, date à laquelle il fut nettoyé sur les conseils du spécialiste de Hals, Claus Grimm, ce qui révéla le vêtement du saint, les Évangiles et le lion. Jusqu’au printemps dernier, on ignorait où se trouvait le Saint Jean. Monté sur un chassis tardif, un peu abîmé sur les bords, le personnage du saint, peint d’un pinceau fluide, est en excellent état. Une fois retendue, la toile sera exactement de la même taille que celle de ses trois compagnons. Personne ne sait quand ni pour quelle raison les quatre Évangélistes ont été séparés, et c’est une grande chance qu’ils aient tous survécu.
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L’apparition de Saint Jean
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : L’apparition de Saint Jean