De la Chine à l’Inde, Christian Deydier réussit son examen de passage avec une exposition d’un bel et rare ensemble de terres cuites Gupta.
PARIS - Sinologue reconnu et antiquaire spécialisé dans l’archéologie chinoise, par ailleurs président du Syndicat national des antiquaires, Christian Deydier sort de son champ de prédilection pour présenter dans sa galerie une vingtaine de sculptures indiennes en terre cuite de la dynastie Gupta, entre le IVe et le VIe siècle, c’est-à-dire l’apogée de l’art classique indien. Hormis l’actualité de l’exposition du Grand Palais, dédiée à l’art des Gupta (lire le JdA no 257, 13 avril, p. 8) , qu’est-ce qui a inspiré l’antiquaire ? « J’ai baigné dans l’art indien dès mon enfance, avant de m’en détourner pour la Chine », relate Christian Deydier, qui précise être né au Laos. Son grand-père était orientaliste et son père, Henri Deydier, membre de l’École française d’Extrême-Orient et grand spécialiste de l’Inde, décédé brutalement en 1954. « Mais j’ai toujours été en contact avec les marchands et collectionneurs dans ce domaine sans franchir le pas. »
Alors que pas un bronze chinois majeur ne lui aura échappé au cours de sa carrière, Christian Deydier opère aujourd’hui un retour aux sources, avec un premier voyage en Inde en 2006 et deux bronzes indiens Chola montrés sur son stand lors de la dernière Biennale des antiquaires.
Deux collections privées asiatique et française, vieilles de plus d’un demi-siècle, alimentent son exposition de terres cuites Gupta remarquablement conservées et d’un niveau stylistique exceptionnel. La statuaire bouddhique y côtoie le panthéon hindou dans un même registre d’expression de plénitude et de sérénité. Avec une maîtrise totale de leur art, les artistes ont idéalisé les corps dans des mouvements gracieux et réduit les vêtements à un très fin voile pour mettre en valeur la beauté des courbes. Un torse de Bouddha à la robe monastique transparente assis sur un trône orné de lions et un torse de bodhisattva représentant un jeune homme noble, coiffé et paré, sculpté dans un triple mouvement de corps (tête, bras, hanche) éminemment voluptueux apparaissent ainsi comme deux pièces phares. Troisième chef-d’œuvre en terre cuite tout en rondeurs, un exceptionnel Ganesh, dieu à tête d’éléphant représenté sous sa forme très rare à quatre bras, trône, exprimant le style plein de verve des sculpteurs Gupta. Le professeur Jean-François Jarrige, président du Musée Guimet et initiateur de l’exposition au Grand Palais, est venu saluer cette démonstration commerciale, supérieure en qualité aux terres cuites Gupta présentées dans son exposition muséale. L’ensemble des pièces acquis par l’antiquaire est proposé dans une fourchette de prix entre 40 000 et 120 000 euros. Pour chacune des trois terres cuites précitées, la somme demandée peut atteindre 420 000 euros. Mais les collectionneurs, peu initiés en Europe à l’art de l’Inde, fusse-t-elle sensuelle, sont peu nombreux de ce côté de l’Atlantique.
Jusqu’au 31 mai, Galerie Christian Deydier, 21, rue du Bac, 75007 Paris, tél. 01 40 20 97 34, www.orientalbronzes.com, du mardi au samedi 10h-12h, 14h-18h.
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L’apothéose Gupta
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : L’apothéose Gupta