Fontainebleau, au cœur des célébrations du sacre de l’Empereur, s’impose avec la vente du bicentenaire.
FONTAINEBLEAU, PARIS, NEW YORK - Amorcées depuis deux ans, les festivités liées au bicentenaire du sacre de Napoléon, aussi bien du côté des institutions (lire p. 7) que du marché, battent aujourd’hui leur plein. Cependant, peu de maisons de ventes sont finalement restées dans la course à l’Empire pour cause de manque d’objets napoléoniens disponibles. On peut voir des entrefilets dans des catalogues de souvenirs historiques, comme celui de Tajan qui est allé « sur les pas de l’Empereur » le 15 octobre avec quelques armes provenant de différentes campagnes militaires. L’événement mondial a tenté Sotheby’s et Christie’s qui marqueront le coup de part et d’autre de l’Atlantique ce même jour du 2 décembre, date aniversaire du sacre de l’Empereur. À New York, Christie’s dispersera la collection du docteur américain Philip F. Corso, « le directeur de la Napoleonic Society of America », précise le spécialiste en charge de la vente, Patrick Sheehan. L’ensemble comprend environ 200 lots de souvenirs historiques à partir de 500 dollars (390 euros). Pour 50 000 dollars, une lettre de Napoléon à son frère Joseph, écrite de son QG de Tortona en Italie et dans laquelle il lui demande de retirer de l’argent de son compte bancaire pour payer le château de Malmaison, est le document majeur de la vacation. Sotheby’s en est à son deuxième bout d’essai à Paris. Et, pour reprendre la formule de l’an passé, un petit catalogue de 71 lots met en exergue une sélection de pièces de mobilier, à l’instar d’une paire de meubles en acajou d’époque Empire, estampillés Jacob- Desmalter et estimés 80 000 à 120 000 euros. « Je ne doute pas du succès de ces meubles d’appui, parfaits pour équilibrer un intérieur. De plus, jusqu’à aujourd’hui, ils n’avaient pas quitté la descendance de leur commanditaire, le médecin particulier du prince Murat », souligne le spécialiste en mobilier Pierre-François Dayot. Une vente de provenance royale se déroulera la même journée, selon les souhaits du duc de Wurttemberg, P.-D. G. de Sotheby’s France. La monarchie aurait-elle le dernier mot ? !
Le Livre du Sacre
Annoncée comme étant « LA vente du bicentenaire », la vacation-fleuve du 6 au 8 novembre de la SVV Osenat à l’hôtel des ventes de Fontainebleau apparaît comme le rendez-vous rêvé des amateurs d’Empire. L’énorme catalogue de plus de 800 lots recèle à lui seul tout un pan de l’histoire napoléonienne. « Nous avons tout raflé ! », jubile Jean-Pierre Osenat. Le commissaire-priseur aiguise ses armes depuis plus de deux ans à Fontainebleau où il a créé le premier département Empire de France. Fort des précédents succès de ses ventes spécialisées, où des pièces mythiques documentées par un pool d’experts pointus ont été adjugées à des prix records (le sabre de Mourad Bey pour 200 000 euros ; un aigle de drapeau de 1804, 84 300 euros ; deux soucoupes du service particulier de Napoléon, 74 300 euros ; une des dernières chemises portées par l’Empereur à Sainte-Hélène, 63 000 euros…), il a fait de Fontainebleau le lieu de vente privilégié pour tous les passionnés d’Empire. Les objets présentés sont venus de partout, hors l’Hexagone y compris. Certains vendeurs ont mis des pièces de côté depuis trois ans pour cette vente anniversaire enrichie de nombreux trésors qu’envient les musées du monde entier. À commencer par celui parisien des Invalides qui verrait bien l’étoile à cinq branches de la Légion d’honneur de l’Empereur, en or et argent, sertie de diamants et d’émeraudes, réalisée par l’orfèvre-joaillier Nitot et estimée 150 000 à 200 000 euros, rejoindre ses collections. À prix égal, l’édition originale de l’album du sacre de Napoléon, dit le « Livre du Sacre », illustrée de planches gravées d’après Isabey, Percier et Fontaine, coloriées à la main par Isabey, et dont le Musée de l’Armée ne possède qu’un retirage moderne, attise les convoitises. Toujours pour la même estimation, un tableau peint par l’atelier de David en 1810, Cérémonie du Sacre, le 2 décembre, où l’Empereur élève la couronne que coiffera Joséphine, partage la vedette de la section des peintures avec un Portrait de Pauline Bonaparte par Bosio provenant de la collection Coccapani Fontanelli, estimé 30 000 euros, et une paire d’huiles sur toile estimée 40 000 euros représentant Élisa Bonaparte et son époux, peintes en Italie vers 1812. « On a rarement l’occasion de voir le visage de cette autre sœur de Napoléon. Si j’en crois le nombre record d’appels de l’étranger pour ces toiles, l’estimation sera pulvérisée », commente Jean-Pierre Osenat. Une paire de consoles estampillées Jacob en acajou et bronzes dorés, estimée 200 000 à 250 000 euros ; Napoléon en Mars pacificateur, l’un des cinq bronzes de Righetti d’après Canova, estimé 100 000 euros ; le coffret de chirurgie dentaire de l’Empereur réalisé par Biennais et Grangeret, estimé 80 000 euros ; une salière double en argent ciselé du service de l’impératrice Joséphine exécutée par Biennais d’après un dessin de Percier, estimée 150 000 euros, et une suite de reliques (une chemise, des mouchoirs, plusieurs mèches de cheveux…) aux provenances incontestables, sans oublier un cortège d’autographes, complètent l’inventaire.
- L’EMPIRE A FONTAINEBLEAU, vente les 6, 7 et 8 novembre, SVV Osenat, 5, rue Royale, 77300 Fontainebleau, tél. 01 64 22 27 62, www.osenat.com - EMPIRE et PROVENANCE ROYALE, ventes le 2 décembre, Sotheby’s, 76, rue Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com - NAPOLÉON BONAPARTE TREASURES FROM THE Dr. PHILIP F. CORSO COLLECTION, vente le 2 décembre, Christie’s New York, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com
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L’année Napoléon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : L’année Napoléon