PARIS
La galerie Roger-Viollet inaugure ses espaces avec un choix décevant des pourtant très riches fonds de l’ agence.
Paris. Début décembre 2019, la Ville de Paris, propriétaire des fonds photographiques de l’agence Roger-Viollet et du journal France-Soir , confiait leur commercialisation et leur valorisation à la société privée NDLR, plus connue sous le nom de « Photononstop », banque d’images constituée de rachats successifs d’agences photo. La concession de cinq ans, effective depuis le 1er janvier 2020, comprend ainsi la reprise des bureaux historiques, situés 6, rue de Seine (Paris-6e) de l’agence Roger-Viollet, fondée en 1938, et leur transformation en galerie d’exposition. Un an plus tard, « Les icônes de l’agence Roger-Viollet » inaugurent les lieux entièrement reconfigurés et relookés par l’architecte David Apheceix. Pour ceux qui ont connu les anciens locaux, le changement est radical et la physionomie de l’espace flirte avec celle d’une galerie d’art. Seules les boîtes vertes historiques contenant les archives Roger-Viollet qui tapissent certains murs rappellent l’histoire particulière et la spécificité des lieux.
L’exposition offre quant à elle un pot-pourri, touffu et confus, du fonds Roger-Viollet. La sélection, qui entend montrer la diversité des collections, manque de rigueur dans ses choix comme dans son accrochage ; elle est constituée pour les deux tiers de portraits, et pour le reste d’images diverses dans leur contenu et date de réalisation, entre 1900 et 1965. Le titre choisi se révèle à cet égard trompeur. Il s’agit en effet moins d’icônes photographiques issues des collections de l’agence que de portraits de figures de la chanson française, du rock, du cinéma ou de la politique des années 1960 à 1980. Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg, Romy Schneider, Jean-Paul Belmondo, Coluche ou Valéry Giscard d’Estaing défilent dans une inégale qualité de prise de vue. S’y insèrent parfois des photographies plus anciennes telles celles de Colette datant des années 1905-1909, la montrant allongée sur une peau de lion, ou de Joséphine Baker portraiturée par Gaston Paris. Ce dernier excepté, ainsi que Pierre Jahan ou Boris Lipnitzki, rares sont les grandes signatures.
Certes le Covid a reporté l’ouverture de la galerie de septembre à début décembre, et modifié la teneur de son exposition inaugurale, initialement prévue sur les voyages d’Hélène Roger-Viollet (reportée en février). Mais la première exposition offerte en ces lieux manque d’explications quant à l’histoire de l’agence et la particularité des tirages, tous réalisés pour l’exposition ou à la demande, et vendus entre 175 et 240 euros TTC.
Avant que la commercialisation ne soit confiée à NDLR, ces ventes au public représentaient 2,3 % des revenus de l’agence, son cœur de métier étant la vente de photographies à des professionnels. Gilles Taquet, cofondateur de NDLR, souhaiterait les voir atteindre à terme 15 % du chiffre d’affaires. Pour l’heure, la conjoncture a pesé sur les résultats de la société dont le contrat avec la Ville de Paris l’engage à verser une redevance annuelle de 6,5 % du chiffre d’affaires avec une somme minimale de 45 000 euros par an. Le vote du Conseil de Paris, en novembre, lui a accordé de ne verser pour 2020 que 50 % de cette somme.
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L’agence Roger-Viollet transformée en galerie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°559 du 22 janvier 2021, avec le titre suivant : L’agence Roger-Viollet transformée en galerie