PARIS - Le 30 novembre, la maison Tajan dispersera une sélection de 170 œuvres contemporaines dont une poignée des pièces phares placées sous le signe de l’abstraction d’après guerre. Un tableau de Franz Kline de 1948 témoignant de son passage à l’action painting, resté dans une collection américaine depuis la succession de l’artiste, est le lot le plus fort de la vacation. Estimé 600 000 à 700 000 euros, sa valeur est néanmoins bien moindre que les toiles plus matures des années 1950, dont les prix dépassent le million d’euros. Mais il devrait à ce niveau d’estimation conquérir le marché américain. Idem pour la toile de Morris Louis de 1957, issue de l’ancienne collection Michel Tapié et estimée prudemment 80 000 à 120 000 euros. « L’œuvre est atypique, explique Julie Ceccaldi, responsable du département Art contemporain chez Tajan. Des aplats de couleurs en sous-couche rappellent le travail épuré des années 1940, mais le tableau a accumulé beaucoup de matière en surface à l’aide d’un procédé proche de l’action painting. Il y a peu d’œuvres de Morris Louis sur le marché et je pense que la nôtre va partir au prix demandé. »
Solstice, 1956, une œuvre géométrique de 1956 très colorée d’Aurelie Nemours, artiste récemment montrée au Centre Pompidou, est plutôt séduisante. En l’absence de référence en vente publique pour cette peintre, l’huile sur toile est proposée autour de 15 000-20 000 euros, mais « nous espérons mieux à la suite de l’exposition de Beaubourg », confie Julie Ceccaldi.
Soutien du marché russe
Le travail de Rebecca Horn passe également rarement en vente publique. Pour 35 000 euros, une pièce appartenant à la série des « Bibliothèques de voyage pour corbeaux sibériens » retiendra l’attention des amateurs. La vente comporte aussi trois huiles signées Poliakoff : une grande composition abstraite gris monochrome de 1962, très lumineuse, provenant d’une collection suisse et maintes fois exposée, estimée 150 000 euros ; une composition colorée de 1966 mise pour la première fois sur le marché, estimée 110 000 à 140 000 euros tout comme la troisième peinture présentée, une composition de 1967 aux impressions de fresque par ses rendus de matière, une pièce également acquise directement auprès de l’artiste par la famille de l’actuel propriétaire et sans doute la peinture la plus commerciale par sa palette de couleurs. Si on a pu voir beaucoup d’œuvres de Poliakoff ces derniers temps, autant en salles des ventes que chez les marchands, c’est qu’« elles se vendent bien grâce au soutien du marché russe, rappelle Julie Ceccaldi. Un joli Lanskoy, aussi dans la mouvance du marché russe, estimé 30 000 à 40 000 euros, pourrait bien partir autour de 45 000 euros ». Les œuvres de Lucio Fontana, quant à elles, se vendent toutes seules. « La demande internationale pour Fontana est toujours très forte, même pour la céramique comme on a pu le voir à la FIAC puis à Cologne chez Karsten Greve », poursuit l’expert. Trois Concetto Spaziale en céramique des années 1957 et 1959 sont à saisir dans une fourchette de 15 000 à 20 000 euros. À noter encore, deux belles compositions sur fond noir de Georges Mathieu des années 1959 et 1960, bien documentées au catalogue, autour de 50 000 euros, et quatre toiles abstraites de Paul Rebeyrolle des années 1960, toutes issues d’une même collection suisse. « La cote de Rebeyrolle est en pleine explosion en vente publique depuis deux ans : on a vu des tableaux monter jusqu’à 80 000 euros, mais nous restons prudents avec une fourchette de prix de 10 000 à 40 000 euros. »
Vente le 30 novembre à 20 heures, SVV Tajan, Espace Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris, expositions publiques : du 19 au 29 novembre, du lundi au vendredi 10h-18h et les samedis 11h-18h, tél. 01 53 30 30 30, www.tajan.com
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L’abstraction donne le ton
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : L’abstraction donne le ton