Docks Art Fair se met au diapason de la révolution de Jasmin en invitant trois galeries tunisiennes.
LYON - L’univers de l’art n’est pas insensible aux pulsations du monde. Organisée sur le principe de l’exposition personnelle en parallèle de la Biennale d’art contemporain de Lyon, la foire Docks Art Fair offre une tribune à trois galeries tunisiennes : El Marsa (Tunis), Ammar Farhat (Sidi Bou Saïd) et Kanvas (Tunis). Celles-ci bénéficient d’une prise en charge, par l’Institut français, de leurs frais de logement et transport, ainsi que d’une subvention de 10 000 euros octroyée par le ministère français de la Culture. « Notre métier est déjà très ardu en Europe, j’imagine les difficultés dans les pays du Maghreb qui essayent d’accéder à une liberté. Ils essayent de se reconstruire, et c’est là où tout peut basculer ou disparaître. Mon idée n’est pas de politiser la foire, mais d’accompagner ces galeries », confie la galeriste lyonnaise Patricia Houg, codirectrice de l’événement.
« C’est le meilleur moyen de présenter une Tunisie contemporaine, car il y a beaucoup de clichés à changer, insiste Aicha Gorgi, directrice d’Ammar Farhat, présente avec une exposition de Meriem Bouderbala. On veut montrer une Tunisie qui bouge, qui réfléchit, des artistes qui se posent des questions. » De son côté, El Marsa met en exergue Patricia K. Triki, dont les photos retravaillées avec des couleurs tape-à-l’œil portent un regard très aigu sur la ville de Tunis, soulignant le décalage entre tradition et modernité.
Comme par capillarité, le souffle des révolutions caresse plus largement l’événement. Plusieurs exposants ont ainsi choisi de montrer des artistes issus du monde arabe comme Mehdi Meddaci chez Odile Ouizeman (Paris) ou Achraf Touloub chez Martine et Thibault de la Châtre (Paris). « Nous allons avoir une autre saveur que ce qui est proposé habituellement sur une foire, souligne Patricia Houg. Il n’y a pas mieux que le principe de l’exposition personnelle pour montrer des artistes peu connus du Moyen-Orient et du Maghreb. »
Marchands fidèles au rendez-vous
En trois éditions, la formule de Docks Art Fair semble arrivée à maturité. Malgré le risque économique lié à la présentation d’un seul artiste par galerie, l’ancrage en région et le rythme biennal freinant une communication continue, le salon a réussi à fidéliser certains marchands parisiens comme Georges-Philippe et Nathalie Vallois ou Laurent Godin. « Lyon est une ville ouverte sur les pratiques contemporaines, estime ce dernier, présent avec Scoli Acosta. Le travail institutionnel a porté ses fruits, il y a un réseau d’acteurs privés non négligeables, des collections importantes, moins visibles, plus discrètes. L’école d’art est dynamique, il y a un public et une scène. Lyon est une ville qui bouge tous les jours. »
Pour de jeunes galeries parisiennes comme Odile Ouizeman et Christophe Gaillard, de retour avec Hélène Delprat, cette manifestation à taille humaine favorise les rencontres. « Docks Art Fair est un salon particulier, avec un réseau critique et professionnel. Ce n’est pas juste une foire, mais est un brainstorming, un regard singulier sur des œuvres. J’y vais avec l’envie de trouver une plateforme de discussion. C’est une entrée douce, sans obligation de résultats, contrairement à d’autres foires où l’on se rend la gorge serrée », souligne Thomas Bernard, de la galerie Cortex Athle-tico (Bordeaux). Il propose un one-man-show de Franck Eon.
Cette année, le salon accueille également Caroline Vachet, jeune galeriste lyonnaise. « Les Lyonnais commencent à constituer 50 à 60 % de ma clientèle, et il y a une vraie demande de qualité, affirme-t-elle. Je ne souhaitais pas participer aux deux premières années de Docks Art Fair, mais il me semble maintenant important de marquer un territoire et signifier qu’il existe un marché à Lyon. » Malheureusement, la température tend à chuter en dehors de la biennale. Sans doute le public étranger à la région Rhône-Alpes fréquenterait-il plus assidûment la capitale des Gaules si le projet du Bâtiment Z, intégré dans le complexe des Confluences, était activé. Or, l’idée d’un ensemble de cinq ou six espaces pouvant accueillir des galeries « pop-up », parisiennes ou étrangères, reste en jachère.
Du 15 au 18 septembre, 49, quai Rambaud, 69002 Lyon, tél. 04 78 42 98 50, www.docksartfair.com, les 15 et 16 septembre 15h-19h, les 17 et 18 septembre 12h-19h
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La Tunisie à Lyon
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Abonnez-vous dès 1 €Direction : Olivier et Patricia Houg, Georges Verney-Carron
Nombre d’exposants : 33
Tarif des stands : 8 500 € l’espace de 30 m2
Nombre de visiteurs en 2009 : 12 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°352 du 9 septembre 2011, avec le titre suivant : La Tunisie à Lyon