La Riviera a la cote

Le Salon d’Antibes attire une importante clientèle étrangère

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2001 - 656 mots

Soleil, ciel bleu, senteurs d’eucalyptus et de lavande drainent sur la Côte d’Azur, dès les premiers beaux jours, une clientèle aisée française et étrangère qui fait, depuis près de trente ans, les beaux jours du Salon d’antiquités brocante du Vieil Antibes. Cette 29e édition, qui s’est tenue du 7 au 23 avril, a attiré dès le premier week-end chineurs et amateurs en tenue de vacances qui confèrent
au salon son incomparable atmosphère.

ANTIBES - Depuis qu’un Anglais, lord Brougham, a posé ses valises à Cannes en 1834 pour y créer un quartier britannique, la Riviera n’a cessé d’exercer une réelle fascination sur les visiteurs étrangers, toujours aussi tangible aujourd’hui. Dans les allées du Salon d’Antibes en particulier, les Anglais, Américains, Allemands, Suisses mais aussi les Russes étaient nombreux dès le premier week-end. Ils se sont pressés notamment sur le stand de Jacques-Henri Pinault, spécialiste des autographes (Paris), s’arrêtant devant cette lettre de Louis Aragon écrite en janvier 1945 à Robert Debré (3 500 francs) : “Je suis au lit sagement. Par la fenêtre, je vois un palmier couvert de neige car les Landes succombent sous un hiver sans précédent ; on se croirait au pôle Nord.” Ou cette autre lettre de Paul Valéry : “Je vous adresse tous mes remerciements pour les belles choses que vous dites de mes poèmes dans les entretiens littéraires du Gaulois... Il est un point d’importance sur lequel je partage exactement votre avis, c’est votre légitime prétention d’admirer ce que vous trouvez admirable” (5 400 francs). Ces objets voisinaient avec les tableaux modernes de la galerie parisienne Honoré Matignon. À côté d’une huile d’Olivier Debré de 1949 (130 000 francs) et de deux bronzes de l’artiste (deux personnages reproduits en trois exemplaires, 430 000 francs la paire) figurait une belle composition sur papier d’Hans Hartung de 1953 (230 000 francs). Ces œuvres étaient accrochées à quelques mètres des statuettes et masques africains et autres peintures aborigènes de Michel Dermigny (Paris). Sur ce même emplacement figurait une paire de propulseurs australiens de la fin du XIXe siècle (10 500 francs) et un impressionnant couteau N’Gombe, qui n’avait pour autre finalité que de couper les têtes ennemies. La section peinture, sans doute pas la plus riche du salon, réservait toutefois quelques autres surprises. Chez Jean-Pierre Silvestre (Galerie d’art, Marseille) notamment, qui présentait une belle vue de Constantinople de Félix Ziem dans des tons mordorés de coucher de soleil (450 000 francs) et un bucolique et très vert paysage d’Henri Moret (270 000 francs).

Une table d’accouchée par Léonard Boudin
Le mobilier classique demeure un des points forts de la manifestation avec quelques bons antiquaires emmenés par Jean Gismondi. Ce dernier présentait à côté de quelques tableaux anciens, dont une vue du grand canal par le Maître de la Fondation de Langmatt, une très élégante table de lit ou table d’accouchée du milieu du XVIIIe siècle exécutée par Léonard Boudin.

Posée sur le lit, cette table aux lignes sinueuses et chantournées permet de prendre une collation ou d’écrire un billet. “Le dessus du meuble présente, sur un fond de bois de rose, un délicat décor marqueté : un luxurieux bouquet de fleurs se déploie dans une corbeille d’osier. La table principale possède un plateau orné d’un décor de laque européen ‘à la manière de la Chine’”, explique l’antiquaire. Xavier Pariente et Jean-Christophe Depieds (Louvre des antiquaires, Paris) avaient sélectionné un secrétaire estampillé Topino orné de marqueteries figurant des fruits et une table basse recouverte d’un plateau en scagliola polychrome (190 000 francs). Celle-ci, due à Ismael de la Serna, un peintre espagnol qui s’installa en 1922 à Paris, représente une vue de Tolède. Les meubles italiens figuraient, eux aussi, en bonne place sur plusieurs stands dont celui de Giorgio Salvai (Ponte Torino) – qui montrait une commode vénitienne du XVIIIe siècle dans des tons olive (160 000 francs) –, et de Jean Rey (Lyon) avec un beau miroir XIXe provenant de Murano (35 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°126 du 27 avril 2001, avec le titre suivant : La Riviera a la cote

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