Les artistes secondaires de l’abstraction d’après-guerre retrouvent doucement
leur niveau de prix de 1989. La vacation du 11 octobre à Drouot vient encore de le confirmer.
PARIS - Sous l’impulsion du commissaire-priseur David Nordmann, la SVV Ader s’est lancée dans les ventes spécialisées des peintres abstraits des années 1950, misant sur la remise au goût du jour des artistes secondaires de l’époque, quelque peu oubliés aujourd’hui. Après un coup d’essai encourageant le 1er juillet 2005, les résultats de sa deuxième vacation du 11 octobre à Drouot ont été très concluants. Les enchères actives se sont déroulées dans une salle bondée, fait relativement rare pour une petite vente privées de locomotives telles que Poliakoff, Hartung ou Lanskoy. Une rangée de téléphones combattait avec un public composé de semi-professionnels et de particuliers. « Nous avons eu beaucoup d’acheteurs étrangers (principalement allemands, suisses et italiens), que nous avons pu alerter grâce à un peu de promotion », relève David Nordmann.
Vers une troisième vacation
Véritable star de la vente, une Composition de 1954 de Bill Parker, peintre américain de la seconde école de Paris, estimée 4 000 euros, est partie, sous les applaudissements, dans une collection française pour le prix record de 10 800 euros. Il portait au dos les étiquettes de la galerie Max Kaganovitch et de la RMN « Donation Kaganovitch » au Musée de Bordeaux, en souvenir d’un legs qui n’a pas abouti. L’institution qui semblait intéressée pour acquérir le tableau ne s’est finalement pas manifestée, sans doute à cause du prix trop élevé. Le public a aussi salué bruyamment la résurrection de la cote de Jacques Duthoo. L’artiste fut exposé à Paris chez Denise René dans les années 1950 mais aussi en Belgique et en Suisse. Sur dix-neuf huiles sur toile du peintre, présentées dans le catalogue autour d’une estimation de 500 euros à peine, deux compositions ont été emportées aux prix records de 4 560 euros chacune. La première par un particulier français et la seconde par un marchand suisse. D’autres artistes ont vu leurs prix retrouver leur niveau de 1989. Parmi eux : Oscar Gauthier avec une Composition de 1956 adjugée 7 560 euros ; Paul Ackerman dont la série d’une vingtaine d’œuvres a suscité l’intérêt comme Mer de Chine de 1953, partie pour 5 040 euros ; Edgard Pillet et son tableau de 1963 intitulé Kamasoutra, cédé pour 6 480 euros, ou encore Jan Lebenstein avec une Composition à l’encre noire et brune sur papier calque, datée de 1960, estimée 1 000 euros et envolée pour 5 040 euros. Les prix ont été suffisamment significatifs pour que les propriétaires d’œuvres d’artistes de la période confient au lendemain de la vente nombre de pièces à la société Ader, pour une troisième vacation programmée en mars 2007. « Nous avons déjà de quoi remplir un bon catalogue ! », jubile le commissaire-priseur. Même s’il n’y a toujours pas de Poliakoff à la clé.
- Spécialiste : David Nordmann - Estimation : 200 000 euros - Résultats : 278 000 euros - Nombre de lots vendus/invendus : 191/54 - Lots vendus : 78 %
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La montée des « petits »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : La montée des « petits »