Le peintre coréen expose un ensemble inédit sur le thème de la lumière à la galerie High Art.
Paris. On n’ira peut-être pas jusqu’à dire que Hun Kyu Kim est le seul artiste coréen à se passionner pour les couleurs vives, la figuration raffinée et la précision extrême des saynètes, mais il est indéniable qu’il rompt radicalement avec le rapport à la matière, le geste soigneusement répété et la monochromie qui caractérisent le travail des artistes du mouvement Dansaekhwa (dans les années 1970) ainsi que de la génération suivante. Précisons que, né à Séoul en 1986, Hun Kyu Kim est beaucoup plus jeune que ses aînés. Mais aussi, il vit une grande partie de l’année à Londres et, lorsqu’il était étudiant, il a appris la restauration et la copie des peintures bouddhistes de la dynastie Goryeo (XIIIe-XIVe siècles). Il a en outre été biberonné au cinéma d’animation japonais, notamment celui de Hayaho Miyazaki et particulièrement de sa Princesse Mononoke.
Tout cela fournit le contexte de sa création, toujours actif dans cette nouvelle série comprenant dix grandes toiles dont un triptyque, et quatre plus petites, des œuvres spécialement réalisées pour cette deuxième exposition chez High Art Paris (il avait été montré en duo avec Sharif Farrag à l’été 2019, dans l’antenne de la galerie à Arles).
Selon un même principe, qui le voit glisser dans ses peintures des références à la ville où il expose, Hun Kyu Kim évoque ici le métro parisien, une voiture de police, une ancienne cabine téléphonique. Ces clins d’œil viennent s’ajouter à la foultitude d’éléments qui composent ses saynètes, avec leur bestiaire d’animaux anthropomorphes (il en figure douze : singe, cochon, renard… toujours les mêmes) et ses insectes, coléoptères, papillons (pour l’effet du même nom) qui grouillent et fourmillent afin d’évoquer la surpopulation, la violence urbaine, la guerre, les conflits religieux ou personnels, la surconsommation… L’ensemble est mis sous la tutelle d’un thème que Hun Kyu Kim change tous les ans et qui concerne cette année celui de la lumière. Le visiteur s’en rend compte dès qu’il entre dans l’exposition dont l’éclairage est très travaillé, assez doux et sourd, puis en découvrant des strass collés sur chaque œuvre qui scintillent, pétillent, miroitent. Ces strass soulignent la thématique et renforcent l’extrême subtilité et minutie de ces toiles peintes au pinceau sur de la soie contrecollée sur papier et tendue sur un châssis entoilé. Ils augmentent également la fascinante complexité de chaque composition caractérisée par des perspectives perturbées, des mises en abîme vertigineuses, des frontalités inattendues et des jeux de miroirs diaboliques pour multiplier les reflets.
Entre 20 000 et 80 000 euros en fonction du format, les prix peuvent paraître élevés. Mais Hun Kyu Kim a une petite production (une dizaine de toiles par an), ce qui se conçoit aisément lorsqu’on voit l’important travail nécessaire à chaque œuvre. Et « il y a en plus une forte demande car son marché est très international », ajoute Philippe Joppin, l’un des trois directeurs de la galerie.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La minutie miroitante de Hun Kyu Kim
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : La minutie miroitante de Hun Kyu Kim