La galerie Berès consacre une importante exposition aux gravures des peintres nabis. À travers les œuvres de trente-quatre artistes, c’est la présentation d’une technique en plein renouveau dans les années 1890-1900 que permettent d’envisager les deux cent cinquante œuvres réunies.
PARIS - Depuis plus de trois ans, Anisabelle Berès prépare l’exposition “Les peintres-graveurs 1890-1900”, qui comprend quelque deux cent cinquante œuvres, accompagnées d’un important catalogue qui pourrait bien devenir un volume de référence dans le domaine de la gravure de la fin du XIXe siècle. “Le propos de notre exposition est de montrer à travers plusieurs œuvres, qui matérialisent plusieurs étapes, comment les artistes arrivent à la gravure, explique Valérie Rannou, collaboratrice d’Anisabelle Berès. Nous avons réuni de la manière la plus exhaustive possible les dessins, les aquarelles et les pastels qui se rapportent aux gravures que nous exposons.” Cette volonté de reconstituer l’histoire des images gravées par les artistes au travers de leurs différents projets et esquisses apporte à l’exposition un intérêt singulier, presque didactique, celui de la genèse des œuvres.
À la fin du XIXe siècle, l’art de la gravure est en plein essor. Les artistes sont couramment sollicités pour participer à la promotion de journaux, revues et théâtres, ou encore pour réaliser des affiches publicitaires, comme la célèbre France-Champagne de Bonnard. La plupart des artistes pratiquent la lithographie, qui est sans doute le mode le plus aisé d’apprentissage de la gravure pour un peintre. En règle générale, chaque image était tirée à environ cent exemplaires ; il est aujourd’hui presque impossible d’en évaluer la quantité conservée. Les recherches formelles entreprises par les artistes pour leurs estampes répondent à la nécessité de représenter la vie moderne urbaine aux travers de lignes simplifiées et sinueuses héritées du japonisme. Selon la formule de Maurice Denis, l’art nouveau de l’affiche consistait à “trouver une silhouette expressive, un symbole qui, uniquement par ses formes et ses couleurs, peut forcer l’attention d’une foule et subjuguer le passant”. L’affiche est sans doute le plus célèbre support de l’estampe moderne, toutefois, des invitations, des illustrations de livres, de partitions ou de catalogues réunies par la galerie Berès permettent d’approcher l’étendue de la variété créative des gravures nabis.
Parmi les pièces les plus importantes exposées, se trouve l’affiche pour le Salon des cent réalisées par Bonnard en 1892 accompagnée d’un petit pastel préparatoire à l’estampe. La Scène de famille de Bonnard s‘apprécie à travers quatre œuvres sur papier au pastel, à l’aquarelle et à la gouache ainsi que l’unique épreuve de l’estampe. De la même manière, l’affiche pour La Dépêche de Toulouse, de Maurice Denis, est accompagnée de trois dessins préparatoires montrant l’évolution du projet de l’artiste. Des œuvres d’Hermann-Paul, Roussel, Ranson, Vuillard, Vallotton, Sérusier figurent également au catalogue de l’exposition. La pièce la plus rare étant l’album numéro 10 de la Revue blanche, présenté dans son intégralité. On connaît moins de dix exemplaires complets et avec leur couverture de ce coffret édité en 1894 rassemblant des gravures des artistes les plus éminents de l’avant-garde artistique de l’époque.
Afin de compléter le propos de cette exposition semi-commerciale, la galerie Berès présente également des pièces prêtées par des collectionneurs privés et par la Bibliothèque nationale.
1890-1900, jusqu’au 14 décembre 2002, galerie Berès, 25 quai Voltaire et 35 rue de Beaune, 75007 Paris, tél. 01 42 61 27 91.
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La gravure selon les nabis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°157 du 25 octobre 2002, avec le titre suivant : La gravure selon les nabis