Après dix ans de collaboration, Laetitia Ferrer et Sébastien Borderie inaugurent leur première galerie.
Paris. Ils ont mis en commun leurs économies (environ 40 000 euros), leurs fichiers de contacts et leurs ambitions, loué un local avec vitrine rue Notre-Dame-de-Nazareth et ouvert leur galerie mi-novembre. Laetitia Ferrer et Sébastien Borderie ont fait leurs armes dans l’équipe des Filles du Calvaire, où ils ont collaboré dix ans, assez longtemps pour savoir qu’ils feraient de bons associés. Les deux trentenaires ont baptisé leur enseigne Prima, clin d’œil à la notion de primauté et de commencement, pour les artistes qu’ils vont montrer, comme pour eux. Mais est-ce le bon moment pour se lancer, alors que l’on dit le marché très ralenti depuis plusieurs mois ? « Il n’y a jamais de bon moment », éludent-ils, tout en expliquant vouloir pratiquer d’abord des prix raisonnables (en dessous de dix mille euros), en accord avec leur analyse du contexte actuel. « Notre clientèle, ce sont des amateurs d’art appartenant à la catégorie des CSP+, prêts à dépenser l’équivalent d’un mois de salaire pour acquérir une œuvre », assure Sébastien Borderie.
La chance sourit aux débutants, par ailleurs dotés d’un solide réseau. La veille du vernissage, la galerie a eu la visite du directeur artistique d’Art Paris, qui lui a proposé de l’exposer sur le secteur Promesses de la prochaine édition. Ce sera la première foire de Prima, qui enchaînera fin avril avec Art Bruxelles – où elle a été invitée grâce à la recommandation de Loïc Garrier, directeur de la galerie Ceysson & Bénétière à Paris et membre du comité d’Art Bruxelles. Voilà pour les bonnes fées.
L’exposition inaugurale est consacrée à un solo de Bryce Delplanque (né en 1993), repéré dans les ateliers de Poush. L’artiste peint des natures mortes en empruntant des éléments à des toiles de Fantin-Latour qu’il mixe à d’autres, prélevés dans des estampes japonaises. « C’est un choix de goût, et une stratégie d’ouvrir avec une exposition de peinture », explique Laetitia Ferrer. Selon elle, toute collection comporte forcément des tableaux et la démarche conceptuelle de Bryce Delplanque s’ancre de façon rassurante dans l’histoire de l’art. Le mural réalisé par l’artiste sur le mur du fond de la galerie attire les regards depuis la rue, et quelques-unes de ses toiles ont trouvé preneurs (entre 2 500 et 6 500 euros). Pour sa participation à Art Paris, la galerie prévoit d’ailleurs de présenter le travail de Bryce Delplanque (voir ill.) en dialogue avec celui d’Héloïse Rival. Ils consacreront aux céramiques murales de cette dernière leur deuxième exposition, après une courte période de fermeture où l’espace sera très pragmatiquement loué à un showroom de mode. La troisième exposition sera dédiée mi-mars à un nouveau solo de peinture, de Gaspard Girard d’Albissin. Pour l’instant, les artistes exposés le sont à titre d’invités « On ne parle pas encore de représentation », précise Laetitia Ferrer. Des débuts prudents pour ce duo qui revendique une liberté de ton en accord avec une façon décomplexée d’envisager le métier pour accompagner au mieux les premiers pas de collectionneurs en herbe.
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La galerie Prima fait ses premiers pas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°646 du 3 janvier 2025, avec le titre suivant : La galerie Prima fait ses premiers pas