La folie Beistegui

MONFORT-L’AMAURY - L’immense tente blanche dressée devant le château pour accueillir les commissaires-priseurs, experts et collectionneurs était à moitié vide l’après-midi du 2 juin pour la seconde vacation dirigée par Rémy Le Fur, qui succédait à Hervé Poulain. Les enchères se sont déroulées sous le regard attentif de l’état-major de Sotheby’s. Ne pouvant vendre en France dans l’état actuel de la législation, l’auctioneer avait dû se résoudre à faire appel à des commissaires-priseurs parisiens. On notait cependant la présence de grands décorateurs comme Jacques Garcia, de marchands français tels que Bernard Steinitz, Alexandre Biaggi ou Alexis Kugel. Les soixante téléphones installés pour permettre d’enchérir à distance étaient en revanche très sollicités par des collectionneurs et des professionnels américains, belges, anglais, espagnols ou allemands. Dès le premier jour, de très fortes enchères ont été enregistrées, nombre de pièces dépassant largement leurs estimations. Ainsi, une paire de pots-pourris en porcelaine blanche de Meissen, d’époque Louis XV, estimée 800 000 à 1 million de francs, a été adjugée 4,3 millions, et un grand guéridon italien à plus de 3 millions de francs, contre une estimation de 500-800 000 francs.

La folie Beistegui s’est emparée de certains acheteurs. Un collectionneur n’a pas hésité à débourser 147 000 francs pour une paire de ciseaux en acier – ils étaient estimés 4-6 000 francs. La paire de globes terrestres et célestes est partie à 2,6 millions de francs, plus de trois fois son estimation basse. Plusieurs pièces ont été préemptées par des musées français : quatre dessins pour La caravane du Sultan à La Mecque attribués à Joseph-Marie Vien ont été acquis par le Petit Palais à 321 550 francs ; la statue en biscuit représentant Henri II de Bourbon, duc de Bordeaux, est allée au Musée des arts décoratifs de Bordeaux pour plus d’un million de francs.