Bruxelles

La Foire des Antiquaires fête son quarantième anniversaire

Internationalisation

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 566 mots

Du 19 au 29 janvier, la Foire des antiquaires de Belgique fête son quarantième anniversaire. L’entrée dans l’âge mûr est marquée par une changement de taille : l’internationalisation. L’an dernier, la foire avait attiré quelque 20 000 visiteurs et avait été jugée comme relativement satisfaisante par ses participants.

BRUXELLES - À l’image de la Biennale des antiquaires à Paris, la Foire de Bruxelles est l’émanation de la Chambre royale des antiquaires de Belgique. Ces derniers ont créé pour la cause une association – où on retrouve les ténors de la profession –, chargée de préparer ce qui constitue pour elle l’événement numéro un.

Présentée dans le Palais des beaux-arts, cette réunion des meilleurs négociants belges, une cinquantaine désormais, se déroule traditionnellement à la fin du mois de janvier. Jadis, cette date était sans concurrence. À présent, elle se place à quelques semaines du Salon de Maastricht. Certains des plus prestigieux antiquaires belges sont tiraillés entre Bruxelles, qui ne possède qu’une clientèle nationale, et Paris, Maastricht ou Grovesnor, où se retrouvent des collectionneurs venus du monde entier.

En réalité, la crise apparue au début des années quatre-vingt-dix aura généré des conséquences favorables : enfin, des étrangers sont appelés dans le cénacle restreint des exposants. Ils seront présents à titre exceptionnel, comme invités (payants). Cette interna­tionalisation, même modeste, marque un tournant capital pour ce très ancien salon. D’autres changements l’avaient précédée.

On avait assisté, il y a trois ans, à un renouvellement des exposants, de manière à attirer de jeunes confrères comme Patrick Derom, Philippe Denys ou Pierre-Hubert de Formanoir. Cette politique s’est heureusement poursuivie. Puis, on opéra une rotation des stands, jusque-là figés en une sorte d’éternité, ce qui dynamisa la prestigieuse réunion. Le changement se fit encore sentir l’an dernier avec un considérable accroissement des surfaces de ventes (à 3 200 m2, le maximum est atteint), ce qui permit d’accueillir près d’une dizaine de professionnels en plus.

Cette fois, ce sont cinq Français (Leegenhoek, Meyer, Ratton et Ladrière, Renoncourt, Pinault), un Britannique (Deydier), et un Canadien (Kekko) qui pousseront la porte. Pour Christian de Bruyn, président de la Chambre royale des antiquaires, "l’ouverture aux étrangers s’imposait car l’Europe permet depuis 1994 une certaine liberté dans la circulation des œuvres d’art"."

Mais ce constat encourageant ne réjouit pas tout le monde, à commencer par Jacques-Henri Pinault. Si le président du syndicat français est "ravi à l’idée de participer au salon belge et d’accéder ainsi à une nouvelle clientèle", la liberté commerciale que l’Europe est censée offrir n’a guère de sens pour lui. En effet, en tant que libraire et négociant de manuscrits, il est tenu de déclarer toutes les pièces sortant du territoire national, quelle que soit la valeur du bien en sa possession.

Ceci vaut également pour les objets archéologiques. Par contre, si les autres négociants d’art sont tenus de se référer aux seuils financiers imposés par la CEE, l’ouverture des frontières représente pour eux un avantage certain. Jacques Leegenhoek voit dans ce salon qui se tient à Bruxelles, capitale de l’Europe, "une image symbolique".

"J’y viendrai tout d’abord parce que les organisateurs m’ont invité. Je suis heureux de retrouver un terrain que mes racines affectionnent, d’autant qu’à cette période, Paris est calme", affirme-t-il. L’internationalisation de la foire de Bruxelles était donc inéluctable, et comme nous le confiait Jacques Leegenhoeck, c’était bien le seul moyen de lui éviter de tomber dans un repli provincial sans avenir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : La Foire des Antiquaires fête son quarantième anniversaire

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