Le salon international Palm Beach Contemporary nouvelle formule attire du 9 au 13 janvier les galeries européennes en panne de clients américains.
PARIS/PALM BEACH - Lorenzo Rudolf, vice-président de l’IFAE (International Fine Art Expositions), ex-dirigeant de la Foire de Bâle pendant dix ans, entend cette année redonner un coup de fouet aux deux foires de Palm Beach de la saison, à commencer par la foire internationale d’art contemporain et de design qui ouvre ses portes le 8 janvier prochain. Connue depuis six ans sous le nom de « Artpalmbeach », la foire rebaptisée « Palm Beach Contemporary » se tiendra pour la première fois au Centre de congrès du comté de Palm Beach, et s’orientera selon un nouveau concept : celui d’ouvrir le salon haut de gamme à toutes formes d’expressions artistiques actuelles, avec une présence renforcée de l’art moderne et de l’art contemporain classique. La foire de l’IFAE restera nettement moins axée sur le très contemporain que la foire Art Basel Miami Beach, qui s’est achevée le 7 décembre (lire ci-dessous). Ces repositionnements interviennent dans un contexte de compétition accrue des salons, qui se disputent une clientèle fortunée américaine de Floride et de sa région. 65 exposants ont répondu à l’appel de Lorenzo Rudolf, parmi lesquels 37 galeries américaines et 28 européennes dont 6 marchands français (ainsi Patrice Trigano et Mark Hachem) à la recherche d’une nouvelle clientèle.
Jacques De Vos (Paris) garde un bon souvenir de sa première participation à la foire en 2000. Il y avait montré l’œuvre moderne sculpté de Jean Lambert-Rucki. « J’ai trouvé là-bas une résonance auprès de collectionneurs : un public large, et pas seulement des milliardaires, attiré par l’art moderne », nous a-t-il déclaré. S’il y a observé « un climat moyen » les deux dernières années, il revient en 2004 plein d’enthousiasme, avec des pièces de Lambert-Rucki entourées notamment de sculptures cubistes de Leon Borgey, de photographies land art par Da Silva et de sculptures de Philippe Hiquily et du Bolivien Dario Morales, le tout présenté sur un stand de 70 m2, « le plus grand jamais loué ». « Ce qui m’intéresse, c’est la réaction des Américains émus par une œuvre : ils passent tout de suite à l’acte, et achètent », ajoute le galeriste. Pour sa première participation, Pierre Dumonteil, spécialiste parisien de la sculpture animalière moderne et actuelle, souhaite « confronter [ses] artistes contemporains (Daviau, Owczarek, Fiori) à des marchés étrangers nord-américains ». Il a « une clientèle américaine importante et, puisqu’elle ne vient plus beaucoup vers [lui], il faut bien aller vers elle. » Après avoir marqué de sa présence la foire pendant cinq éditions, la galerie Fabien Boulakia (Paris) a en revanche choisi de ne plus revenir. « Le niveau de la foire est trop faible pour le moderne. La clientèle de Palm Beach n’est pas à la recherche de grosses pièces, mais veut décorer ses résidences secondaires et tertiaires. Finalement, on travaille beaucoup mieux à New York », nous a déclaré le galeriste. La galerie Martin du Louvre a eu un peu la même expérience l’an passé. « Nous sommes venus pour la première fois avec des classiques modernes comme Picasso ou Léger. Mais le public était plutôt à la recherche de nouveauté », raconte Jean-Paul Bogart, l’un des marchands associés. La galerie revient quand même cette saison, dans un tout autre créneau : au côté d’une vingtaine de tableaux expressionnistes abstraits de Frederik Lund Ottesen, un artiste américain des années 1950 un peu oublié, figureront des poupées Kachina d’Arizona de la première moitié du XXe siècle, ainsi que des masques et totems des tribus Haida de Colombie britannique. La galerie Cazeau-Béraudière (Paris), l’un des plus gros exposants en art moderne, arrive pour la première fois à Palm Beach Contemporary après avoir été un fidèle de la Palm Beach Classic de fin janvier. Elle y proposera des œuvres majeures signées Léger, Picasso, Dubuffet, De Stael, Fontana, Giacometti et Bugatti. « On se déplace sur le contemporain cette année. Sur la foire classique, on était envahi par les joailliers, et les femmes ont un tel pouvoir aux États-Unis qu’entre l’achat d’un bijou et d’une œuvre d’art le tableau ne faisait pas le poids », explique Jacques de la Béraudière, qui tente Palm Beach Contemporary « car à cette époque, on ne fait rien à Paris, ni en Europe... »
Du 9 au 13 janvier 2004, Centre de Congrès du comté de Palm Beach, 650 Okeechobee Boulevard, West Palm Beach, tél. 1 561 209 13 38, www.ifae.com
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La Floride, un Eldorado pour les galeries ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : La Floride, un Eldorado pour les galeries ?