Les livres rares se donnent rendez-vous à la Mutualité.
PARIS - La Foire internationale du livre ancien (FILA) ouvrira ses portes du 18 au 21 mai pour sa dix-huitième édition à la Maison de la Mutualité à Paris, où elle accueillera cent libraires. Les Français sont au nombre de soixante-six, les Allemands, six. Des États-Unis, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas viennent cinq exposants, quatre de Belgique, deux d’Espagne et de Suisse. Parmi les libraires figurent aussi un Autrichien, un Argentin, un Suédois, un Italien et un Monégasque.
Un catalogue sans description des pièces
Chaque année, le salon invite une bibliothèque, qui expose ses trésors en matière de livres ou de manuscrits. Cette année, le Musée de l’imprimerie de Lyon, une ville qui a développé une grande activité éditoriale dès le XVe siècle, est l’invité de la FILA. Un choix qu’un esprit chagrin pourrait qualifier de tautologique par rapport aux pièces présentées par les exposants. Lesquels, par ailleurs, sont traités d’une bien curieuse manière dans le « catalogue » publié pour l’occasion. La moitié de cette publication d’une petite cinquantaine de pages est ainsi consacrée au Musée de l’imprimerie de Lyon ainsi qu’aux bibliothèques patrimoniales de la Ville de Paris. Le catalogue proprement dit consiste en une liste des exposants, imprimée en bleu et rouge, sur fond blanc. Cette liste bleu-blanc-rouge donne tous les éléments utiles : le nom, l’adresse, le téléphone, le fax, l’adresse électronique, le site Internet et les spécialités. Mais l’amateur n’y retrouvera plus aucune description des livres, manuscrits ou gravures susceptibles de donner un avant-goût aux collectionneurs ou simples curieux. « Par souci d’économie », susurre-t-on parmi les libraires.
Mentionnons tout de même, dans un ordre chronologique, un incunable classique, le Hortus sanitatis, en allemand, publié à Augsbourg en 1486 avec 394 bois dans un coloris d’époque, pour lequel Inlibris, de Vienne (Autriche), demande 85 000 euros. Le Parisien Benoît Forgeot proposera un Calendrier des bergers, une sorte d’encyclopédie populaire illustrée, publiée au début du XVIe siècle. Conservé dans une reliure de l’époque, il vaut 100 000 euros. Sourget, de Chartres, présentera le premier manuscrit de critique littéraire, la Guirlande de Julie, daté vers 1645, pour 350 000 euros. La première grammaire chinoise publiée à Paris en 1742 par Étienne Fourmont, Linguae sinarum, se trouvera au stand de Laurent Coulet (Paris) pour 25 000 euros. On verra Le Chef-d’Œuvre inconnu d’Honoré de Balzac pour 65 000 euros chez Flühmann (Zurich), un ouvrage illustré par Pablo Picasso et publié par Ambroise Vollard en 1931. Alain Nicolas (Les neuf muses, Paris) disposera d’une correspondance de six lettres que Céline a écrites en 1933 à sa maîtresse viennoise, Cillie Ambor-Tuchfeld, laquelle lui avait présenté Annie Reich, la femme du psychanalyste Wilhelm Reich. Il faudra compter 3 000 euros pour cette correspondance. Enfin, Lardanchet (Paris) apportera À toute épreuve, texte de Paul Éluard, illustré par Miró et édité à Genève en 1958 (50 000 euros).
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : La FILA file droit