Le 11 décembre, d’importantes pièces ont été dispersées.
PARIS - Ce fut incontestablement la meilleure vente du trimestre de meubles anciens à Paris. Le 11 décembre, c’est dans la froide salle à moitié vide mais fortement motivée de Drouot-Montaigne qu’a été dispersé un ensemble de beaux meubles annoncé comme provenant de la succession de Mme B... Plusieurs pièces de choix, préalablement exposées aux Temps Forts de Drouot, laissaient supposer que le propriétaire de cette collection avait l’œil sûr. Et pour cause, plusieurs grands antiquaires parisiens s’étaient passé le mot : il s’agissait de la succession de la veuve d’un grand antiquaire parisien de l’après-guerre, Marcel Bissey. Les estimations étaient attractives. Plusieurs marchands y sont allés allégrement, luttant avec de nombreux téléphones. « La marchandise était saine, dans son jus, de bon goût et pas vue », indique Bill Pallot, acheteur de quelques pièces pour la galerie Didier Aaron. « Il y avait des objets atypiques dans chaque domaine, tous bien vendus, lance Guillaume Dillée, expert en mobilier ancien, à commencer par le lot phare de la vente, une commode galbée allemande vers 1740-1750, en bois richement sculpté rechampi bleu sur des fonds dorés, d’après des dessins de Cuvilliers. » Un acheteur étranger a emporté à 192 000 euros le précieux meuble, estimé 40 000 euros. La très rare pendule cage à oiseaux chanteurs en bronze finement ciselé et doré à l’or mat et brillant, un travail suisse réalisé par la maison Jacquet-Droz vers 1800, probablement pour la cour ottomane, s’est envolée à 168 000 euros, trois fois son estimation. Une suite de quatre appliques d’époque Louis XVI, à deux lumières, en bronze à décor feuillagé laqué bleu et crème rehaussé de fleurettes en pâte tendre polychrome, marquée au « C » couronné, est partie au double de son estimation pour 45 600 euros. Une petite table de salon de forme rectangulaire à décor de cubes marquetés en trompe l’œil, ornée de bronzes ciselés et dorés, a atteint 84 000 euros, « un prix étonnant » selon le commissaire-priseur Jean-Claude Binoche. Idem pour une lanterne pentagonale en bronze ajouré et doré à décor de gerbes de cristal, qui est montée jusqu’à 57 600 euros, et pour une imposante bibliothèque en acajou vers 1800 qui a été poussée jusqu’à 102 000 euros. Les sièges ont également fait de bons prix, à l’instar d’une chaise à dossier plat d’époque Louis XV estampillée Foliot et marquée au fer du château de Chanteloup, adjugée 24 000 euros contre les 5 000 euros annoncés. « On retrouvera certainement plusieurs objets à la Biennale [des Antiquaires] », avance l’expert. Des lots de divers amateurs complétaient la vacation. Une toile du Confessionnal de James Tissot était estimée 250 000 euros, mais le sujet un peu mièvre n’a pas trouvé son public. Brown Face, une acrylique et huile sur toile de 1984 par Basquiat, est partie à 552 000 euros, le record français de l’artiste. Le collectionneur qui a acquis ce tableau le destine à un musée français. Au total, 80 % des lots ont été vendus, et 80,2 % en valeur.
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La crème du mobilier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : La crème du mobilier