La céramique réussit son baptême du feu à Paris

Le Journal des Arts

Le 10 octobre 1997 - 724 mots

Un pari gagné. Le premier Salon international de la céramique de collection et des arts du feu, qui s’est tenu à Paris du 17 au 21 septembre, a su rassembler le nombre nécessaire de marchands, avec des œuvres de qualité, pour attirer un public d’amateurs français et européens. Les cinq mille collectionneurs qui se sont déplacés pendant la semaine et l’intérêt des curieux du week-end ont convaincu les organisateurs de reconduire la manifestation en 1999. Seule différence : elle sera davantage tournée vers l’étranger et élargie aux autres domaines des arts du feu.

PARIS. Ils étaient finalement vingt-cinq à avoir relevé le défi. Vingt-deux marchands de porcelaines et faïences, deux antiquaires spécialisés en art d’Extrême-Orient et un libraire, qui avaient décidé de passer une semaine dans “un lieu prestigieux et intimiste correspondant idéalement aux objets présentés”, selon Christian Béalu. Car il fallait bien le cadre de l’Hôtel Dassault pour attirer un public de connaisseurs à la première manifestation de ce genre jamais organisée à Paris, alors que la Ceramics Fair existe à Londres depuis des années. L’affluence qu’a connu le salon tend à prouver que les organisateurs ont atteint leur premier objectif, même si le monde des amateurs de céramiques est un microcosme où les collectionneurs, se mobilisent aisément. "Alors que la nocturne était organisée en semaine et au même moment que celle du Salon des antiquaires d’Auteuil, les visiteurs sont venus nombreux et jusqu’à 23 heures", se réjouit d’ailleurs Nelly Fouchet, de la galerie Arcade. Mais il restait à convaincre ces collectionneurs de la viabilité d’une telle manifestation. Intriguer des amateurs passionnés est une chose, les séduire en est une autre. Le principal souci des organisateurs aura donc été de ne sélectionner, "par l’intermédiaire d’un comité d’experts impartiaux et très spécialisés", que des pièces de qualité proposées par des marchands connus et reconnus. Résultat : les objets de très haut niveau, à plus de 100 000 francs, et les pièces de forme en céramique européenne, à quelques milliers de francs, ont très souvent trouvé preneur. Comme ce plat de Saint-Madet, acheté 65 000 francs par un particulier, ou cet autre en faïence de Rouen, début XVIIIe, acquis par un musée à 120 000 francs. Sans oublier cet ensemble de Giroussin vendu aux Musées nationaux par Vincent L’Herrou, qui avoue avoir "réalisé, le soir de l’inauguration, un chiffre d’affaires supérieur à celui du vernissage de la Biennale".

S’ouvrir davantage aux étrangers
Les exposants ont d’ailleurs tous largement couvert leurs frais, malgré un prix au mètre carré assez élevé, et se déclarent prêts à retenter l’aventure dans deux ans. Comme la galerie Sarver, seul exposant de céramiques contemporaines, qui présentait des pièces de Pierre Bayle entre 3 000 et 13 000 francs et se dit “rassurée et prête à revenir”. Quant à Jean Lemaire, il se félicite que “beaucoup d’amateurs étrangers aient fait le déplacement”. Ce marchand bruxellois, qui a vendu notamment deux pièces de la manufacture de Tervuren, fondée par Charles de Lorraine en 1770 – une assiette à 25 000 francs et un plat à 40 000 francs –, déclare : “J’ai retrouvé des clients belges et français que je ne rencontrais qu’à la Biennale, et j’ai pris de nouveaux contacts avec des collectionneurs américains, hollandais, allemands, suisses et italiens”. Même constat et même impression de satisfaction chez Christian Bonnin, qui a vendu une bouquetière de Marseille à 20 000 francs, et deux assiettes en Olerys et Laugier, chacune à 15 000 francs. Ce galeriste biterrois regrette cependant que le salon ne se soit pas déroulé sur deux week-ends, "pour permettre aux provinciaux de venir". Son souhait n’est toutefois partagé ni par ses confrères, ni par les organisateurs. Ceux-ci préfèrent reculer la date de la prochaine édition d’une semaine et l’ouvrir à d’autres marchands étrangers – qui auraient déjà réservé – et à de nouvelles spécialités des arts du feu. Une optique qui ne pourra que satisfaire les deux antiquaires spécialisés en art d’Extrême-Orient. "Bien qu’un peu perdue au début parmi les marchands de faïences et de porcelaines", la galerie Ming Ki, de Bruges, est satisfaite d’avoir vendu pour plus de 150 000 francs la maquette d’une ferme funéraire Han (25-220 ap. J.-C.). Comme Jacques Barrère, qui a trouvé preneur pour deux statuettes Tang (618-907 ap. J.-C.) et se déclare "prêt à revenir si de nouveaux marchands de céramiques anciennes sont présents en 1999".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : La céramique réussit son baptême du feu à Paris

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