Privée de certains espaces qu’elle comptait occuper, la manifestation reine
se limitera en septembre à une centaine d’élus.
Pourquoi la Biennale des antiquaires de Paris (du 15 au 24 septembre) a-t-elle tant tardé à livrer une liste d’exposants ? Cette question aura longtemps fait jaser le landernau des marchands parisiens. La réponse tient aux contraintes drastiques de sécurité pour le Grand Palais. Afin de les respecter, le président du Syndicat national des antiquaires (SNA), Christian Deydier, et le décorateur du salon, François-Joseph Graf, ont dû réviser par trois fois leurs plans. En effet, les promesses de dérogation permettant de construire sous les mezzanines sont parties en fumée en février. D’après François-Joseph Graf, les mesures de sécurité exigeaient des stands capables de résister au feu pendant une heure et demie, harnachés de surcroît de portes de secours dotées de barres antipanique. Un arsenal aussi coûteux qu’inesthétique ! Malgré les retards, l’attrait du Grand Palais aurait motivé cette année plus de 300 candidatures pour 100 à 105 élus prêts à débourser 1 250 euros le mètre carré. Toujours selon le décorateur, le budget devrait avoisiner celui de la Biennale de 1992, décorée par Pier Luigi Pizzi. Une enveloppe modeste qui n’autorisera pas une débauche de décors.
Le plan du salon se découpe en un bloc central, composé de douze stands spacieux, et de deux ensembles latéraux aux proportions plus congrues. La plupart des marchands ont ainsi dû réviser nettement à la baisse leurs prétentions de métrage. Certains exposants de meubles devront faire preuve d’ingéniosité pour composer avec des surfaces parfois minuscules. Un exercice que connaît bien Downtown, lequel avait fait d’exiguïté vertu lors de la dernière Biennale en présentant deux meubles de Charlotte Perriand sur une dizaine de mètres carrés ! Le pivot central ne sera pas uniquement dédié au cartel du XVIIIe siècle, lequel disposait pourtant du meilleur emplacement au Carrousel du Louvre. Il risque toutefois de devenir le pré carré des vétérans du salon ou du conseil d’administration du SNA…
La foire renforce cette année des pôles traditionnellement parisiens comme celui des arts décoratifs du XXe siècle. Les Vallois, L’Arc en Seine, Yves Gastou, Downtown (Paris) sont rejoints par des revenants, Dutko, Jousse Entreprise et Anne-Sophie Duval (Paris), ainsi que par un nouvel entrant, Bel Étage (Vienne), spécialiste de la Wiener Werkstätte. Composée des Parisiens Bernard Dulon et Alain de Monbrison, la section arts primitifs s’affermit avec le retour d’Entwistle (Paris, Londres). La bibliophilie se conforte aussi avec Tenschert (Ramsen, Suisse) et Sam Fogg (Londres). L’archéologie se développe enfin avec Corinne Kevorkian (Paris) et Phoenix Ancient Art (Genève, New York). La Biennale a aussi réussi à capter Kunstkammer Georg Laue (Munich), dont les cabinets de curiosités représentent une des attractions de la foire de Maastricht. Hormis Darga & Lansberg (Paris), aucune nouvelle recrue n’a été encore relevée dans la section moderne. Pour l’heure, la participation de la puissante galerie L&M Arts (New York) est encore en suspens. Certains pontes, qui avaient prévu le grand chelem de Maastricht à Art Basel, hésitent, sans doute par crainte de ne trouver un réassort d’ici à septembre. Car les exposants n’ont plus que six mois pour dénicher des œuvres « qualité Biennale ». Aussi belle que soit la coquille du Grand Palais, elle ne tolérera ni le vide, ni la médiocrité.
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La Biennale se découvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°235 du 14 avril 2006, avec le titre suivant : La Biennale se découvre