La XIIe Biennale internationale de Monaco, qui s’est tenue du 1er au 17 août, n’a pas rencontré tout le succès qu’elle était en droit d’attendre. Si les visiteurs sont venus plus nombreux et si, d’une façon générale, les participants sont satisfaits, les pièces les plus importantes n’ont semble-t-il pas trouvé acquéreur. En dépit d’un dollar fort, les collectionneurs américains ont quelque peu boudé les trente antiquaires, joailliers et galeries d’art, qui proposaient pourtant des objets d’une rare qualité.
MONTE-CARLO. Avec plus de 17 000 visiteurs, dont 10 000 entrées payantes, Maurice Ségoura ne peut qu’être satisfait de la XIIe Biennale internationale de Monaco. "Les acheteurs étaient excessivement nombreux et de toutes les nationalités", précise-t-il. À écouter les participants, cette impression de bilan positif est d’ailleurs générale. Ainsi Fabien Boulakia, même s’il avoue n’avoir rien vendu, "se contente des contacts pris". Des collectionneurs libanais et italiens ont en effet manifesté un vif intérêt, tant pour un van Dongen, Le clown (1905) venant de la collection Bourdon, à 3,7 millions de dollars (23,5 millions de francs), que pour un Picasso, Femme accroupie, à 2,4 millions de dollars (15,25 millions de francs). Des contacts ne suffisent cependant pas à transformer un tel événement en succès. L’année où les Grimaldi célébrent leurs sept cents ans de règne, la Principauté s’est une nouvelle fois transformée en un luxueux écrin, se voulant, selon Maurice Segoura, "le symbole de l’accueil princier qu’ont toujours reçu les arts et la culture à Monaco". Pourtant, les collectionneurs américains semblent avoir décliné l’invitation, sans qu’aucun marchand ne puisse l’expliquer. Car nombre de pièces prestigieuses n’ont pas trouvé acquéreur. Tel ce meuble d’appui Louis XV, en bois d’amarante marqueté en satiné et bois de rose, réalisé pour Jean Baptiste Machault d’Arnauville et estampillé BVRB. Classé monument historique, il était mis en vente à 12 millions de francs, après avoir été acheté 8 millions en 1989. Pas plus que ce bureau à cylindre (1775) estampillé Riesner, également proposé par Maurice Ségoura à 2 millions de francs, ou cette paire de meubles d’appui estampillés Dubois, provenant de la collection Rothschild, au même prix.
De 500 000 à un million de francs
Avec deux ventes dès le premier jour, Jacques Perrin, initiateur de cette manifestation, ne pouvait toutefois qu’envisager sous les meilleurs auspices sa quinzaine monégasque. Après l’achat par un collectionneur local d’un bonheur du jour Louis XVI, en amarante, bois de rose et bois fruitier estampillé Topino, à 500 000 francs, et l’acquisition par Hubert de Givenchy d’un cartel Régence estampillé Latz (1730-1735), pour un million de francs, l’antiquaire parisien déclare avoir encore vendu "une dizaine d’objets entre 500 000 et un million de francs". Quoique la fontaine en plomb doré et marbre rouge, réalisée par Étienne Léongre en 1680 et proposée à 1,2 million de francs, n’ait pas trouvé acquéreur, Serge Renard est également un antiquaire comblé. Venu en voisin de Beaulieu-sur-Mer, il a en effet vendu 400 000 francs un miroir Régence en bois sculpté. Au même prix, un Espagnol lui a acheté une table à gibier, début Régence, avec son plateau en marbre.
Des nouveaux venus enchantés
La galerie de Jonckheere, qui s’était fixée pour but "de rencontrer ses clients monégasques à une bonne époque de l’année", estime avoir rempli son objectif. Si Paysage d’hiver (1595) de Martin van Valkenborg, à 3,8 millions de francs, et L’ivrogne reconduit par les siens (1623) de Pieter Brueghel Le Jeune, à 7,2 millions de francs, n’ont suscité que "beaucoup d’intérêt", une paire de natures mortes de van Kessel a trouvé preneur à environ 800 000 francs. Pour sa première participation, Virginie Pitchal est elle aussi ravie. Non seulement un collectionneur français a acquis une Vierge à l’Enfant d’un primitif italien, mais des Français et des Italiens se sont également montrés très intéressés par un Jacob Duck provenant d’une collection particulière parisienne, Scène d’intérieur animée (1645), à 1,2 million de francs. Jamais passée en vente depuis quarante ans, une Nature morte aux fruits (1650) de Willem Glaez Heda, issue d’une collection berlinoise et proposée à 650 000 francs, a également beaucoup intéressé des Allemands.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La Biennale passe, les pièces importantes restent
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°42 du 29 août 1997, avec le titre suivant : La Biennale passe, les pièces importantes restent