La balance commerciale des œuvres d’art divisée par 5 en 2014

Le bilan annuel du commerce extérieur de la France en 2014 (1), publié par le ministère des Finances et des Comptes publics, révèle un chiffre inédit. Les exportations d’œuvres d’art s’élevant à 1,1 milliard et les importations à 871,4 millions, l’excédent commercial du marché de l’art s’est établi en 2014 à 227,6 millions d’euros contre 1,1 milliard en 2013. Parmi les 6 catégories qui constituent la nomenclature douanière « objets d’art, de collection ou d’antiquité », les tableaux (peintures à l'huile, aquarelles, pastels et dessins faits entièrement à la main) ont été davantage importés qu’exportés.

Bond des importations de tableaux : 164,4 %
Les exportations de tableaux sont passées de 1 milliard d’euros en 2013 à 572,8 millions en 2014, soit une baisse de 44,7 %. Dans le même temps, les importations sont passées de 239,1 millions à 632,3 millions, en hausse de 164,4 %. Pour les autres catégories (gravures, estampes et lithographies originales ; productions originales de l’art statutaire ou de la sculpture ; timbres-poste ; objets d’antiquité ayant plus de 100 ans d’âge), la balance reste excédentaire.

Les échanges intracommunautaires sont minoritaires
Les livraisons de tableaux vers des pays membres de l’Union européenne (à 27) ne représentent que 11,64 % (66,7 millions d’euros) de la valeur des tableaux exportés. Plus de la moitié de ces livraisons intracommunautaires sont réalisées vers le Royaume-Uni (58,73 %). Idem pour les acquisitions intracommunautaires, qui ne représentent que 5 % des importations de tableaux. En revanche, les échanges avec les Etats-Unis (respectivement 35,31 % pour les exportations et 18,84 pour les importations) et la Suisse (31,82 % pour les exportations et 18,62 % pour les importations) sont majoritaires. Hong Kong tient également une place importante puisque 9,19 % des exportations de tableaux y sont réalisées, suivie par le Royaume-Uni (6,84 % des exportations). Cette tendance s’observe quelle que soit la catégorie d’œuvres d’art à taux variables.

Des échanges fortement influencés par la fiscalité
La France étant considérée comme un « grenier géant », les exportations d’œuvres d’art y sont traditionnellement considérées comme une « fuite du patrimoine ». « C'est apparemment paradoxal, mais, en matière d'œuvre d'art, un pays s'enrichit de ses importations et s'appauvrit de ses exportations » expliquait le livre blanc coécrit par les représentants du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev), du Comité professionnel des galeries d'art (CPGA) et du Syndicat national des Antiquaires (SNA) au moment où le projet de loi de finance 2014 prévoyait d’élever la TVA à l’importation au taux de 10 %. En octobre 2013, les parlementaires avaient fini par ramener ce taux à 5,5 % pour l’importation d'œuvres d'art, d'objets de collection ou d'antiquité (en provenance de l'Union européenne ou non). Une mesure qui semble avoir eu des effets sur la balance commerciale.