Klasen chez Eva Hober ? Dans l’avant-propos du catalogue, publié pour l’occasion, la galeriste rappelle qu’en 1991, à l’âge de 14 ans, alors que ses parents l’emmenaient pour la première fois à la Fiac, elle avait été marquée par le solo show de Peter Klasen qui, sur le stand de la galerie Louis Carré, présentait son fameux Shock Corridor/Dead End. C’est dans cet esprit qu’à la fin de l’été dernier, elle a écrit à l’artiste qui, quelques rencontres plus tard, lui répondra de façon positive. Aucun opportunisme, ni aucune volonté de suivre cette tendance qui, depuis quelques temps, voit des galeristes quadragénaires s’intéresser à des artistes d’une autre génération. Simplement la réalisation d’un rêve qui conjugue au présent le souvenir d’une découverte fulgurante.
On retrouve donc aussi bien ses signes iconiques, panneaux d’interdiction, sens interdits, flèches, éclairs indiquant le danger, objets divers collés sur la toile, manomètres, chaînes en plastique, bouts de bois, mais ils sont ici mis en subtil et permanent dialogue avec l’écriture des trois maîtres, et notamment aux formes géométriques du suprématisme. De même Klasen est resté attaché à la même technique qui, depuis plus de dix ans, le voit utiliser des technologies numériques pour imprimer sur toile les différents éléments qu’il a présélectionnés, notamment des fragments de ses propres photos qui ont toujours constitué le point de départ de son travail. Ces toiles, sur lesquelles il intervient ensuite en peignant à la brosse, au pinceau ou avec son fidèle aérographe et en les enrichissant de divers collages et ajouts d’objets. Il ressort de ces télescopages et superpositions de figures géométriques et d’images très diverses, l’impression d’une belle bataille entre ce qui relève de l’ordre, de l’ordonnancement réfléchi et à l’opposé d’un désordre calculé. À l’image de notre environnement quotidien dans les grandes villes, avec son érotisme, ses enfermements, ses interdits, ses dangers, dont s’est toujours inspiré Klasen. Ce qu’il rappelle d’ailleurs en un joli clin d’œil dans le bureau d’Eva Hober avec la présentation de sept toiles des années 1960, qui n’avaient encore jamais été mises en vente, ni même présentées en galerie et dont il a accepté pour la première fois de se séparer. Elles sont évidemment les plus chères, entre 70 000 et 150 000 euros, alors que les récentes vont de 23 000 à 58 000 euros. Ce qui semble plus que raisonnable pour un artiste de cette importance, qui depuis près de soixante ans a multiplié les expositions et les rétrospectives, et figure aujourd’hui dans de nombreuses collections publiques et privées dans le monde.
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Klasen en grande conversation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°498 du 30 mars 2018, avec le titre suivant : Klasen en grande conversation