Réunies pour la seconde fois, les deux foires ont contribué à relancer le marché de l’art coréen qui semble s’essoufler depuis le début de l’année. Ce partenariat a profité en particulier à l’art contemporain.
Séoul, Corée du Sud. Après une croissance à deux chiffres en 2021 et 2022, et le succès du lancement de Frieze Seoul l’an dernier, le marché de l’art coréen a marqué le pas au premier semestre 2023 : les ventes d’Art Busan, principale foire en dehors de Séoul, ont été décevantes en mai dernier, tout comme les résultats des enchères des deux leaders, K-Auction et Seoul Auction, au cours du premier semestre.
Fortes du soutien du gouvernement (KTO - Korea Tourism Organization, KAMS - Korean Arts Management Service) et de la municipalité de Séoul, les deux foires ont réussi créer une dynamique positive grâce à la coordination d’événements culturels majeurs : la Biennale d’architecture et d’urbanisme, la Korea Blockchain Week, ainsi que la Seoul Fashion Week. Les musées publics et privés ont par ailleurs synchronisé leur programme d’expositions en présentant des artistes contemporains coréens (Suki Seokyeong Kang, Keem Jiyoung) et internationaux (Rirkrit Tiravanija, Lawrence Weiner) bien représentés sur les foires.
De nombreuses personnalités influentes du monde de l’art étaient présentes, telles que Maja Hoffman (Luma Foundation), Hans Ulrich Obrist (Serpentine), Yana Peel (Chanel Arts & Culture), Mami Kataoka (Mori Art Museum), Doryun Chun (M+) et Patrick Sun (Sunpride Foundation). Nicolas Bourriaud, commissaire de la prochaine Biennale de Gwangju (2024) était également à Séoul. Ce magnétisme était palpable lors du panel de discussion réunissant les directeurs des foires asiatiques concurrentes : Angelle Siyang-Le (Art Basel Hong Kong), Robin Peckham (Taipei Dangdai), Eri Takane (Tokyo Gendai), aux côtés de Patrick Lee (Frieze Seoul) et Jung Lee (Kiaf Seoul). Séoul occupe désormais une place significative dans l’agenda de tous les acteurs de l’art.
Propriété de la Galleries Association of Korea, la Kiaf est une organisation associative à but non lucratif. Ce statut a facilité la signature d’un accord quinquennal avec Frieze (2022-2026). Les deux foires ont renforcé leur complémentarité en 2023 en proposant un programme de conférences commun et en décalant légèrement leurs dates, la Kiaf se terminant un jour plus tard. Cette complémentarité se reflétait également dans les tarifs des stands, avec une gamme plus étendue pour les galeries : de 9 500 à 59 000 euros pour la Kiaf et de 12 000 à 72 000 euros pour Frieze Seoul.
Kiaf comptait une cinquantaine de galeries occidentales parmi ses 210 exposants, en grande majorité coréens. Sur ses 120 stands, Frieze Seoul accueillait une cinquantaine de galeries asiatiques, auxquelles s’ajoutaient une vingtaine de galeries occidentales implantées sur le continent, à l’instar des antennes séouliennes d’Esther Schipper, Gladstone, König, Lehmann Maupin, Pace, Peres Projects, Perrotin, Ropac et White Cube (depuis septembre 2023). Cet équilibre représente une évolution notable par rapport à l’édition de 2022, qui avait suscité des critiques en raison de la prédominance des galeries occidentales.
Douze galeries (11 coréennes et la galerie italienne Continua) étaient présentes sur les deux foires. Là encore, la complémentarité prévalait, notamment entre la section « Frieze Masters », qui se concentrait sur la présentation d’artistes établis et de pièces muséales, et Kiaf mettant en avant un plus large éventail d’artistes et d’expositions monographiques, comme l’installation de Ryan Gander déployée sur le stand de la galerie Hyundai.
Les collectionneurs coréens sont réputés pour leur appétence pour l’art contemporain, comme le rappelle le dernier rapport d’Art Basel & UBS. Les deux premiers jours de la foire ont eu leur lot de ventes à 6 et 7 chiffres, comme une œuvre de Georg Baselitz vendue pour plus d’un million d’euros par Thaddaeus Ropac. Hauser & Wirth a notamment vendu deux sculptures : une de Paul McCarthy (né en 1945) pour plus de 500 000 euros et une autre de Camille Henrot (née en 1978) pour plus de 70 000 euros. La galerie Lelong a communiqué plusieurs ventes, dont une toile de 1981 de Jean Dubuffet (1901-1985) vendue à 260 000 euros.
Outre les maîtres modernes comme Auguste Renoir et Marc Chagall (Robilant+Voena), plusieurs artistes français contemporains étaient représentés sur la foire comme Philippe Parreno (né en 1964) et Pierre Huyghes (née en 1962) (Esther Schipper), Laure Prouvost (née en 1978) (Lisson), David Rappeneau (né en 1960) (Gladstone) et Louise Sartor (née en 1988) (Crèvecoeur). Eva Jospin (née en 1975) avait par ailleurs son propre espace sur le stand Ruinart.
Parmi les artistes coréens, Park Seo-Bo (né en 1931) a été particulièrement plébiscité, avec plusieurs ventes autour des 500 000 euros (galeries Kukje, Perrotin et White Cube). L’artiste vit à Séoul où il a sa propre fondation qui développe un projet de musée. Les artistes coréennes ont été également bien accueillies par le marché, quelle que soit leur génération, comme Seundja Rhee (1918-2009), Yeesookyung (née en 1963), Lee Bul (née en 1964), Haegue Yang (née en 1971), ou Moka Lee (née en 1996).
Coté Kiaf, la galerie Vazieux a vendu une œuvre de l’artiste franco-coréen Ungno Lee (1904-1989) pour 25 000 euros. C’est surtout sur les segments intermédiaires compris entre 15 000 et 250 000 euros que les ventes ont été les plus dynamiques sur les deux foires.
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Kiaf et Frieze Seoul revitalisent le marché coréen
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°617 du 22 septembre 2023, avec le titre suivant : Kiaf et Frieze Seoul revitalisent le marché coréen