Démarrage électrique pour Frieze London à l’occasion de son 20e anniversaire

Alors que Frieze London débute à peine, la foire qui fête cette année ses 20 ans est déjà un succès pour de nombreux galeristes. « C’est vraiment bondé, nous vendons à grande vitesse », s’enthousiasme Pilar Corrias, propriétaire éponyme de deux galeries londoniennes. Au centre de son stand, coloré du sol aux parois, les œuvres de l’artiste allemande Sophie Von Hellerman représentent la célèbre fête foraine du port de Margate, dans l’est de l’Angleterre. 

« L'énergie était électrique dès les premières heures de la foire », souligne Eva Langret, la directrice de Frieze London. Au fil de la journée, les artères de la foire se sont remplies d’une foule hétéroclite et enthousiaste. Dans Focus, la section dédiée aux jeunes galeries, des curieux se sont arrêtés pour écouter les CD mis à disposition par une œuvre de Public Gallery, ouverte en 2020. All About Survival est le travail d’Adam Farah-Saad, alias free.yard, l’un des meilleurs jeunes artistes londoniens du moment. 

« C’est notre première foire et nous avons fait un placement très intéressant auprès d’une grande institution britannique », se réjouit le directeur de Public Gallery, Harry Dougall. L’œuvre vendue se dissimule derrière les parois du stand et comprend entre autres un tapis crème recouvert de PVC et une fontaine en acier comptant 6 robinets. Si le directeur n’a pas voulu citer hier le nom de cette institution, Frieze London a indiqué que la Tate, le Fitzwilliam Museum et l’Arts Council Collection ont acquis des œuvres dès cette première journée. 

Autre galerie fondée en 2020, Ginny on Frederick a également vendu plusieurs œuvres du Londonien Jack O’Brien ce mercredi, entre 4 000 et 7 000 livres. Lors de cette première journée, ce trentenaire a été nommé lauréat du prix de l’artiste émergent 2023 du Camden Art Centre. Son installation représente notamment une voiture de course inspirée du XIXe siècle et enveloppée d’une « coque » industrielle en polyéthylène.

Plusieurs ventes ont dépassé les 7 chiffres à l’instar d’une sculpture de Louise Nevelson présentée à Frieze Sculpture par la Pace Gallery (2 millions de dollars). Un tableau de Georg Baselitz a aussi été cédé pour 1,2 million d’euros par Thaddaeus Ropac. 

Carl Freedman, situé à Margate, a, comme d’autres, réussi à vendre l’ensemble de son stand dès cette première journée : les peintures provocantes et sexuelles de Vanessa Raw. Elles étaient proposées par Tracey Emin dans le cadre d’Artiste-to-Artiste, une section qui permet à une personnalité reconnue du monde de l’art de mettre en avant le travail d’un artiste émergeant.  

Propre au marché londonien, le public était fortement international. « Il y a tous les âges et tous les styles, des collectionneurs comme des représentants d’institution », confie une représentante de la galerie Clearing, qui présentait une installation solo de la française Marguerite Humeau.

Frieze London compte cette année 160 galeries, auxquelles s’ajoutent les 130 exposants de Frieze Masters, son équivalent pour les antiquités et les œuvres du XXe siècle. Une sculpture de Louise Bourgeois y a été vendue 3 millions de livres par Hauser & Wirth, de même que plusieurs œuvres d’Ai Weiwei, à 180 000 euros chacune par la Galleria Continua.

Lors de cette première journée, Frieze London a aussi lancé la campagne London Creates, initiée par le maire de la capitale britannique Sadiq Khan ainsi que par d’autres institutions culturelles. Elle a pour objectif de mettre en lumière l’étendue et la profondeur du talent des artistes de la ville.