Kaos, le monde à pas de géant

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 631 mots

Kaos, Parcours des mondes a trois ans et devient un événement majeur dans le marché des Arts premiers.

Pour le marchand parisien Alain de Monbrison : « La réponse internationale est très forte. L’année dernière sont venus beaucoup d’étrangers, des Américains, et bien sûr tous les collectionneurs européens. De nombreux professionnels qui ne participaient pas à Bruneaf viennent à Kaos. »
La première place de Paris sur le marché des Arts premiers est unanimement reconnue par les marchands étrangers, et par chance, les plus grands marchands se concentrent sur la rive gauche… « Nous avons les grosses locomotives : Bernard Dulon, Ratton-Hourdé… », reconnaît Muriel Marasti, organisatrice de l’événement. Le charme de Kaos tient à la venue de galeries étrangères, hébergées dans les galeries d’art contemporain du quartier, sur le modèle de la Bruneaf. Aux côtés du New-Yorkais Carlo Bella, du Bruxellois Wayne Heathcote, participants des débuts, figureront le Londonien Lance Entwistle, l’Anversois Marcel Nies mais aussi le Canadien Jacques Germain, l’Australien Chris Boylan, dont ce sera la première foire hors d’Australie. « J’ai décidé de rejoindre Kaos à la fin de 2003, sur le conseil d’amis participants.
La plupart de mes pièces viennent de Nouvelle-Guinée, car j’y ai vécu et collecté, explique cet homme de terrain. J’acquiers aussi ces objets dans d’anciennes collections australiennes. » D’où vient l’engouement créé par une idée ancienne ? Le salon de l’hôtel Dassault, peu rigoureux, n’eut aucun succès. La Bruneaf, après quinze ans d’existence, s’essouffle sans avoir attiré les marchands
les plus importants. « Parcours des mondes est très sélectif, rappelle Muriel Marasti. Rik Gadella, directeur de l’événement, a voulu constituer un comité consultatif aidé, dès le début, par de grands marchands. Chaque choix leur est soumis. » « Kaos est une réponse qualitative aux ventes publiques, ajoute le marchand Bernard Dulon. En juin, se sont multipliées ventes d’arts africain et océanien qui proposaient plusieurs centaines d’objets. Les galeries répondent en se réunissant pour montrer des objets de qualité. » « Il y a un très bon niveau des pièces en général, confirment Ana et Antonio Casanovas, de la galerie madrilène Arte y Ritual. Cela attire un public de fins connaisseurs et de professionnels. » Pour l’événement, certaines galeries parviennent à réaliser d’excellentes expositions thématiques. « Un travail à très long terme, que je fais sur un sujet qui me passionne », explique François Pannier, de la galerie Le Toit du monde, isolé parmi les marchands d’Afrique et salué, en 2003, pour une exposition sur le chamanisme. Participante des débuts, la galerie d’art asiatique Jacques Barrère s’est elle aussi acclimatée. « Pour l’occasion, nous essayons de réunir des objets des périodes archaïques, dont l’esthétique est proche de celle des Arts premiers. L’impact de Kaos est très positif pour les arts asiatiques, dont la clientèle n’est pas très éloignée de celle des arts africains », explique Antoine Barrère. Une rivale pour la Biennale ? « Nous exposons à la fois au Parcours et à la Biennale, ajoute ce dernier. Généraliste, plus glamour, la Biennale est la vitrine de la profession. Kaos est pointu, plus spécialisé. Les deux manifestations sont complémentaires. » Un avis partagé par la galerie Ratton-Hourdé, qui se risque pour la première fois au Parcours. « L’événement a attiré l’année dernière une clientèle dont nous avons profité, constate Daniel Hourdé. Il s’est révélé plus exigeant du point de vue de la qualité que ce qui avait été organisé auparavant. Exposer à la fois à la Biennale et à Kaos demande un travail considérable… C’est un double challenge… » Alain de Monbrison, lui, a renoncé à la Biennale : « Les plus grands collectionneurs ont suivi le Parcours l’année dernière. À Saint-Germain, je suis bien dans mes meubles. » À plusieurs titres, Kaos supplante un simple salon. Mais aucun lieu ne ressemble à Saint-Germain-des-Prés...

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Kaos, le monde à pas de géant

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