Kaos-Parcours des mondes, à Saint-Germain-des-Prés, sort encore grandi de cette quatrième édition et envisage de partir à la conquête de New York.
PARIS - L’enthousiasme a une fois de plus été au rendez-vous de Kaos-Parcours des mondes du 15 au 18 septembre à Paris, dans les galeries de Saint-Germain-des-Prés. Il est impossible de dénombrer l’audience de la manifestation, aucun comptage n’étant possible pour cet événement à ciel ouvert, mais le trafic piétonnier était visiblement plus dense cette année, surtout lors de la soirée de vernissage. Quelques galeries d’art moderne et contemporain du quartier en ont même profité pour jouer les prolongations, tant le lieu était animé. Certaines d’entre elles ont rouvert le dimanche suivant dans la même ambiance. Autre indicateur de l’intérêt porté à Kaos, plus de 6 000 catalogues ont été distribués durant le parcours. Rançon de la gloire : le développement d’un commerce parallèle. Comme l’an passé, trois ou quatre marchands non invités, installés délibérément le temps du parcours dans des galeries du périmètre de Kaos, ont tenté d’attirer les faveurs du public, notamment en distribuant des cartons d’invitation aux promeneurs des artères adjacentes, tandis que l’on pouvait même croiser des marchands ambulants racoleurs aux heures de pointe. Pour l’anecdote, quelques heures avant l’ouverture du parcours, trois panneaux signalétiques « Kaos » avaient été dérobés. Deux d’entre eux ont été retrouvés, remontés sur des galeries « parasites » ! La course au collectionneur a même conduit certaines galeries participantes à ouvrir leur exposition un jour avant les festivités, une attitude jugée déloyale qui a permis d’attirer des acheteurs frénétiques des premières heures raffolant de ce type de pré-vernissage. « Et je sais qu’il s’est fait beaucoup d’affaires ce jour-là », témoigne un exposant qui n’a pas succombé à ces sirènes et qui s’est plaint aux organisateurs de ce manque de fair-play.
Et pour cause, puisqu’en moyenne les galeries ont réalisé 50 % de leurs ventes le soir du vernissage. Kaos-Parcours des mondes a réussi à la plupart des marchands qui y ont participé. Pour l’antiquaire Renaud Vanuxem (Paris), « Kaos a atteint sa vitesse de croisière. Il y a une clientèle pour les gros budgets comme pour les petites et moyennes bourses. Et pour que cela continue de fonctionner, il faut mettre des objets de côté ». Preuve de l’écho positif de Kaos à l’international, la venue cette année de beaucoup d’étrangers, notamment d’Italiens, d’Allemands, d’Autrichiens et même de Danois et de Suédois. Et, pour la première fois, une douzaine de collectionneurs canadiens ont visité la manifestation, tous invités par le marchand montréalais Jacques Germain. « Ils sont venus car l’événement est sérieux, même incontournable », indique-t-il. Avec plus d’une douzaine d’objets importants cédés sur place, dont une figure fang du XIXe siècle, son chiffre d’affaires est en légère progression par rapport à l’an passé. Pour l’Italien Leonardo Vigorelli, de la galerie Dalton-Somare (Milan), fidèle au parcours depuis le début, « c’est la meilleure foire au monde et nos clients milanais n’hésitent pas à venir ». L’antiquaire, qui exposait une importante collection d’objets lega, affirme avoir bien travaillé, tout en précisant qu’à Kaos « 30 à 50 % du commerce se fait entre professionnels ». D’où une certaine discrétion sur les prix. Pièce maîtresse de l’exposition à la galerie Valluet-Ferrandin (Paris), un reliquaire fang du XIXe siècle de l’ancienne collection de l’explorateur et écrivain Hassoldt Davis (1902-1959), proposé à plus de 300 000 euros, est parti durant le vernissage, aussitôt retiré de l’accrochage à la demande de son acheteur. « Nous avons très bien vendu, et plutôt des pièces importantes, grâce à une politique commerciale de bon rapport qualité-prix », lance Yann Ferrandin, l’un des experts de la mémorable vente Bela Hein du 6 juin à Drouot (lire le JdA no 218, 24 juin 2005). Le marchand londonien Lance Entwistle, qui a installé en mars son enseigne française rue des Beaux-Arts à Paris, a séduit avec des pièces importantes montrées en backroom, dont quelques beaux morceaux de statuaire fang et dogon à des prix à cinq zéros. Comme plusieurs galeries de son niveau, il regrette seulement « l’absence de très gros collectionneurs américains à Paris ». L’idée a donc germé entre plusieurs professionnels pendant le parcours de monter en février 2006, sous la houlette du même organisateur, Rik Gadella, un mini-Kaos new-yorkais, très élitiste, puisque réunissant les quinze plus grosses galeries du secteur. Un projet qui pourrait cependant prendre une année de plus à cause des difficultés à organiser l’événement, et à trouver un lieu.
- Spécialités : arts d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Océanie - Nombre de jours d’exposition : 4 - Nombre d’exposants : 55
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Kaos atteint sa vitesse de croisière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°222 du 7 octobre 2005, avec le titre suivant : Kaos atteint sa vitesse de croisière