Deux ensembles d’objets archéologiques, principalement égyptiens, seront livrés aux amateurs les 17 et 18 mars à Drouot-Montaigne et Drouot-Richelieu par les SVV Piasa et Choppin de Janvry. Entre chefs-d’œuvre et belles provenances, plus de mille lots au total sont attendus.
PARIS - Deux ventes d’archéologie dominées par l’Égypte se succèdent à Paris les 17 et 18 mars. Dans la première, organisée par la SVV Piasa, assistée du cabinet de Serres, est à découvrir parmi les 720 lots présentés à Drouot-Montaigne une stèle historique de donation au nom de Ramsès II et de son fils Ramsès-Meryamon. Ce monument en calcaire blanc de forme cintrée de 47,5 cm de haut, du Nouvel Empire (XXe dynastie, vers 1161 av. J.-C.), le seul actuellement à montrer une représentation du prince Ramsès-Meryamon, pourrait bien intéresser des institutions. Cette stèle, restée en bel état de conservation et estimée 90 000 euros, vient d’une collection française privée. “D’après le texte en caractères hiéroglyphiques, on peut dire qu’elle est issue du Delta”, précise l’expert Christophe Kunicki. L’autre objet phare de la vente est une tête de prêtre en diorite noire de 17,5 cm du début de l’époque ptolémaïque (XXIe-XXVIe dynasties), provenant d’une statue, représentant le portrait bien conservé d’un homme d’âge mûr. Estimée 90 000 euros également, elle est stylistiquement très proche d’une tête conservée au Musée de Berlin. Les amateurs éclairés apprécieront quelques autres lots très intéressants telle cette “rarissime et spectaculaire grande amulette complexe dite d’‘heureuse maternité’ qui a enthousiasmé tous les chercheurs”, assure l’expert. Haute de 20,7 cm, en terre siliceuse à glaçure beige, vert clair et brune, elle représente le dieu Bès debout sur une colonne, grimaçant et coiffé d’une couronne à plumes. Il supporte un autre Bès plus petit et est entouré de nombreux singes grimpant sur lui et sa couronne. Au revers, deux singes lui soutiennent la queue, et sa coiffure est ornée d’une scène montrant un chat conduisant trois oies. Elle devrait atteindre au moins 40 000 euros. “Le n° 242 est vraiment un objet séduisant”, souligne l’expert. Il s’agit d’un vase à onguent zoomorphe de 8 cm en pierre dure gris vert de l’époque thinite, “c’est-à-dire un objet archaïque de la première dynastie”, figurant un hippopotame marchant “à l’étonnante modernité pomponienne”. Il est estimé 18 000 euros. Le n° 262 est une statuette de 17 cm en diorite noire du Moyen Empire, estimée 20 000 euros, représentant un personnage masculin assis en tailleur. “Il sourit légèrement et n’a pas l’austérité habituelle de la statuaire du Moyen Empire”, remarque Christophe Kunicki. Au n° 280, une tête très féminine de 6 cm en bois et pigments du Nouvel Empire (fin de la XVIIIe-début de la XIXe dynastie) est très probablement un sommet de harpe. Estimé 15 000 euros, cet objet “qui n’est pas spectaculaire est une pièce très rare qui devrait intéresser les grands collectionneurs et les musées”, commente l’égyptologue. Sous le lot 328, il faut découvrir un modèle de sculpteur (14 x 16 cm), celui d’un roi tourné vers la droite. “Il est particulièrement fin de sculpture”, insiste l’expert, qui reconnaît que “les modèles de sculpteur ne sont pas rares”. Estimé 45 000 euros, il est d’époque ptolémaïque, une période sans doute moins prisée par les collectionneurs que les époques antérieures. Mais, selon l’expert, “il vaut pourtant mieux acheter une très belle pièce tardive comme celle-ci qu’un objet moyen plus ancien”.
Deux chefs-d’œuvre gréco-romains sont par ailleurs mêlés à la vacation. Une tête en marbre blanc du premier tiers du 1er siècle, représentant le portrait de Tibère (très proche de celle conservée au Musée du Louvre), est estimée 40 000 euros. Enfin, une amphore grecque de type “B” à figures rouges de 47 cm datant de 475-460 avant J.-C., trouvée à Vulci, en Étrurie, au début du XIXe siècle et attribuée au peintre des Niobides, estimée raisonnablement 150 000 euros, est décrite par l’expert Antoine Tarantino comme “plus ancienne que le cratère conservé au Musée du Louvre et réalisé par le même peintre”.
Olivier Choppin de Janvry, assisté du cabinet Slitine, se livrera le 17 mars à Drouot-Richelieu à la dispersion d’une prestigieuse collection de pièces égyptiennes ayant appartenu à l’illustre Mariette Pacha (1821-1881), fondateur du Musée du Caire et du Service des antiquités. Il en fit don à son ami Ambroise Baudry (1838-1906), architecte confirmé et frère cadet du peintre Paul Baudry. L’ensemble compte une trentaine de bronzes dont un exceptionnel Osiris de 50 cm, de Basse Époque (711-332 av. J.-C), représenté dans sa position momiforme, avec des yeux incrustés (est. 60 000 euros), ainsi qu’un très bel Anubis, dieu-chacal de 20,5 cm, d’époque saïte (665-525 av. J.-C.), représenté debout marchant sur un socle avec des inscriptions hiéroglyphiques, coiffé de la perruque tripartite et vêtu d’un pagne plissé, avec des restes d’incrustation d’or dans les yeux, les sourcils, la perruque et le collier (est. 40 000 euros). La vacation se compose en outre d’une cinquantaine d’amulettes rares en faïence égyptienne d’une grande finesse d’exécution, de la IIIe période intermédiaire à l’époque saïte, d’une trentaine de terres cuites d’époque ptolémaïque et romaine, d’oushebtis bleus du Nouvel Empire et de la IIIe période intermédiaire, provenant des cachettes royales de Deir-el-Bahari.
- ARCHÉOLOGIE, vente le 17 mars, Drouot-Richelieu, SVV Choppin de Janvry, tél. 01 47 70 34 91, expert : cabinet Slitine, tél. 01 42 47 17 52. Exposition le 15 mars, 11h-18h, et le 17 mars, 11h-12h. - ARCHÉOLOGIE, ventes les 17 et 18 mars, Drouot-Montaigne, SVV Piasa, tél. 01 53 34 10 10, expert : cabinet de Serres, tél. 01 43 25 78 27. Exposition les 14 et 15 mars, 11h-21h, le 16 mars, 11h-18h.
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Jours de fouilles à Drouot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°166 du 7 mars 2003, avec le titre suivant : Jours de fouilles à Drouot