Joaillerie : un marché dynamique mais très sélectif

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 4 septembre 2013 - 814 mots

Les ventes estivales de bijoux à Monaco ont récolté 20,6 millions d’euros soit 60 % de plus qu’en 2012. Ce succès est en partie dû à Artcurial qui affichait une vitrine de qualité.

MONACO - Si Artcurial clôturait cette session monégasque, les 23 et 24 juillet, elle la dominait aussi, avec 11,2 millions d’euros de chiffre d’affaires. « C’est la première fois qu’on réalise un tel score à Monaco. Une notoriété construite dans ce domaine – nous sommes leader en France ; une succession importante ; Monaco, un lieu magique très international et un bel ensemble de bijoux, c’est le cocktail de ces quatre éléments qui a permis ce succès », commente François Tajan, commissaire-priseur. « L’univers de l’art de vivre, ultra-mondialisé et différent du monde des collectionneurs, est un domaine qui marche », poursuit-il. Une bague en or jaune ornée d’un diamant de taille émeraude a été adjugée 1,1 million d’euros, plus du double de son estimation basse ; un collier rivière rubis et diamants signé Van Cleef & Arpels s’est vendu 324 000 euros (est. 250 000 à 300 000 euros) ; une bague Yin Yang de Suzanne Belperron a été cédée 217 500 euros (est. 80 000 à 100 000 euros). En deuxième position, Tajan, qui organisait ses ventes du 20 au 22 juillet, a totalisé 4,9 millions d’euros frais compris. C’est mieux qu’en 2012, mais à l’époque, la maison avait été ébranlée par le départ de son expert, Chantal Beauvois. Le clou de la vente, un rubis de 8,70 carats, a été adjugé 1,1 million d’euros (est. 180 000 à 250 000 euros), un record pour une pierre de couleur en France. Une bague « quatre corps » sertie de diamants taille brillant, signée René Boivin a été vendue 79 800 euros frais compris (est. 25 000 à 30 000 euros). « Tout va bien pour les belles pierres précieuses et les pièces signées. En revanche, pour les bijoux modernes, non signés, c’est plus difficile », constate Gabrielle Moral, directrice du département bijoux. Quant aux montres, « c’est un marché en pleine expansion, les acheteurs sont moins sceptiques sur l’aspect “seconde main” », souligne Claire Hofmann, spécialiste.

La joaillerie ne connaît pas la crise
La semaine précédente, l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo et la maison Boule, ouvraient le bal. Stratégiquement, ce choix de date éloignée du peloton de tête semble étonnant, les acheteurs pouvant difficilement être présents deux semaines d’affilée. L’Hôtel des ventes de Monte-Carlo obtenait tout de même 3,4 millions d’euros, « un bon chiffre pour une maison n’ayant qu’un an d’expérience », souligne Franck Baille, cofondateur de l’enseigne avec Chantal Beauvois. Un collier de David Webb en platine, rivière de diamant, rubis et émeraudes s’est vendu 185 000 euros prix marteau (est. 180 000 à 200 000 euros). « C’est toujours miraculeux à Monaco, il y a une clientèle formidable. En période de crise mondiale, ici, on vend des objets qui ne servent à rien 200 000 à 300 000 euros ! Le marché du bijou va bien, surtout pour les perles fines, les grandes signatures et les pièces Art nouveau de qualité », s’enthousiasme Chantal Beauvois. Il fallait débourser 98 000 euros pour un pendentif en or jaune ajouré d’un paon émaillé signé René Lalique (est. 45 000 à 50 000 euros). Quant à la maison Boule, plus modeste et spécialisée en philatélie et numismatique, elle entrait en scène dès le 13 juillet, récoltant 1 million d’euros. « C’est notre deuxième vente dans ce secteur à Monaco : on a mis le pied à l’étrier, on ne le posera plus par terre ! », confiait Stéphane Boule. Pour les experts de la vente, côté bijoux, « le marché se maintient, les diamants de plus de 1 carat obtenant des prix constants », précise Laure Nejman ; côté montres, « au juste prix, une trentaine d’acheteurs peuvent se battre pour une pièce. Toute la difficulté réside dans le fait d’avoir de la marchandise à un prix vendable. Beaucoup de clients rêvent et imposent des prix de réserve trop élevés », s’agace Frédéric Botbol. Prospère et très international, le marché des bijoux est donc de plus en plus sélectif : seules les belles pierres, au bon prix, les pièces signées des grandes maisons, les bijoux anciens et les bijoux d’artistes trouvent preneur.

Maison Boule, le 13 juillet

Estimation hors frais (HF) : 1,5 million d’euros

Résultat frais compris (FC) : 1 million d’euros

Hôtel des ventes de monte-carlo, 16-18 juillet

Estimation HF : 3,6 millions d’euros

Résultat FC : 3,4 millions d’euros

Tajan, 20-22 juillet

Estimation HF : 7,1 à 8,6 millions d’euros

Résultat FC : 4,9 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 570/365

Taux de vente : 61 %

ARTCURIAL, 23-24 JUILLET

Estimation HF : 9,9 à 12,4 millions d’euros

Résultat FC : 11,2 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 800/659

Taux de vente : 60 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Joaillerie : un marché dynamique mais très sélectif

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