Le départ soudain de Christopher Davidge, fin décembre, a entraîné un jeu de chaises musicales à la tête de la maison de vente franco-britannique. L’ancien directeur général a dû céder son poste à Edward Dolman, tandis que François Curiel était nommé vice-président directeur général du groupe. Comment ne pas voir derrière ces mouvements la « patte » de François Pinault qui est, depuis mai 1998, l’actionnaire majoriaire du numéro 1 mondial des ventes aux enchères ? Une façon d’asseoir sa stratégie avec des hommes à lui.
PARIS - Entré chez Christie’s en 1966, directeur général du groupe depuis 1993, Christopher Davidge, 50 ans, a quitté ses fonctions à la veille des fêtes de Noël. Il a été remplacé début janvier par Edward Dolman, 39 ans, qui était depuis l’an dernier directeur général de Christie’s Amériques, après avoir occupé successivement les fonctions de responsable du département Mobilier, de directeur général de Christie’s Amsterdam, puis de Christie’s Europe. La maison de vente a annoncé au même moment la nomination de François Curiel au poste de vice-président directeur général de Christie’s International, qui devient ainsi le numéro 2 de la société derrière Lord Hindlip. Des rumeurs laissent entendre que ce départ serait dû à des tensions entre Christopher Davidge et François Pinault, principal actionnaire de Christie’s. Le quotidien britannique The Evening Standard évoque, dans son édition du 10 janvier, un conflit portant sur l’affectation du siège londonien de l’auctioneer, dans King Street. François Pinault aurait souhaité le transformer en un complexe comprenant un hôtel de luxe et des magasins, pour n’y organiser que les ventes majeures, projet auquel se serait opposé l’ancien directeur général. Edward Dolman a aussitôt étouffé la rumeur et précisé que l’immeuble serait simplement réaménagé et modernisé. Toutefois, les ventes de King Street devraient progressivement s’espacer et certains départements être déplacés à Christie’s South Kensington, afin de ménager, dans le quartier St. James’s, une plus grande place aux expositions précédant les ventes. Pinault a-t-il pour autant souhaité se séparer d’un homme qui, pendant trente-quatre ans, a contribué au succès de Christie’s, uniquement pour une question de gestion immobilière ? C’est peu probable. Vingt mois après avoir racheté l’auctioneer, il cherche plus vraisemblablement à placer à la tête de la société des hommes dont il se sent proche, pour mettre en œuvre sa stratégie. Pour cela, il a préféré s’appuyer sur Edward Dolman, un homme jeune et apprécié des experts de Christie’s, à l’opposé de son prédécesseur qui semblait s’être éloigné de ses équipes en se réfugiant derrière un management directif. Parachevant ce jeu de chaises musicales, le conseil d’administration a nommé fin janvier Stephen S. Lash président de Christie’s Amériques, en remplacement de Christopher Burge qui devient président d’honneur de la branche américaine.
“Avec la consolidation de nos équipes, les déménagements des bureaux de New York au Rockefeller Center et ceux de Paris avenue Matignon, ainsi que le soutien actif d’Artémis, notre actionnaire majoritaire, Christie’s est prête à relever les défis que lui réserve le nouveau millénaire”, déclarait Lord Hindlip à l’occasion de ces nominations.
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Jeu de chaises musicales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Jeu de chaises musicales