Comment se porte le marché de l’Art déco ?
Pour la saison 2004, le marché parisien de l’Art déco a été marqué par la présentation du mobilier Rateau de Jeanne Lanvin chez Cheska Vallois à la Biennale des antiquaires. Du côté des ventes publiques, c’est très calme. La marchandise ne tourne pas vraiment, pas plus à New York qu’à Paris. En fait, il y a plus de demandes que d’offres. L’Art déco est victime de son succès. Or cette spécialité ne s’étend que sur vingt années de création, à la différence du mobilier XVIIIe, qui couvre un siècle entier. L’Art déco de moyenne qualité ne se vend pas. En 2004, seules les ventes qui avaient quelques très bons objets ont marché. Nous avons par exemple vendu, le 8 décembre 2004, une paire de chenets de forme géométrique d’Alberto Giacometti, au prix de 206 090 euros, et un tapis à décor géométrique de Pierre Legrain, provenant du studio Saint-James de Jacques Doucet à Neuilly-sur-Seine, pour 131 760 euros. Évidemment, il y a une plus-value énorme pour les objets avec provenance.
Quelles sont vos dernières rencontres artistiques ?
J’ai beaucoup aimé la Foire de Maastricht. Et j’ai particulièrement adoré la lanterne à quatre couleurs de Gerrit Rietveld exposée chez le marchand hollandais Frans Leidelmeijer. Très constructiviste, dans l’esprit de Mondrian, elle est d’une beauté et d’une simplicité extraordinaire. De plus, son prix affiché était de 35 000 euros, ce qui n’est pas excessif pour une pièce de musée. Sur le même stand, j’ai également remarqué une incroyable chaise blanche constructiviste dessinée en 1963 par Gerrit Rietveld, exécutée par Gerard van de Groenekan pour la joaillerie Steltman aux Pays-Bas.
Quelle est votre actualité ?
Nous préparons le 1er juin à Drouot-Richelieu une vente exceptionnelle, dans la mesure où l’on va montrer six fauteuils en laque d’Eileen Gray, soit une redécouverte. Ce modèle de fauteuil à la sirène était considéré comme pièce unique jusqu’à présent. Celui qui est référencé, laqué blanc et ivoire, est aujourd’hui conservé dans une collection américaine. De même provenance, les six pièces que nous présentons appartenaient à la chanteuse Damia, qui fut un temps la petite amie de la designer. Si les fauteuils ont échappé à la succession Damia en 1978, c’est qu’ils furent vendus dans les années 1930 à un agent de change parisien et qu’ils sont restés dans sa famille depuis lors. Le Musée des Arts décoratifs, à Paris, les a vus avec beaucoup d’intérêt. L’un deux pourrait intégrer les collections publiques françaises, puisque cinq passeports d’exportation sur six nous ont été donnés. La sculpture du dossier de la sirène enlaçant un hippocampe a sans doute été exécutée par Sugawara. Chaque fauteuil, laqué noir argenté avec des rehauts de laque corail et bleu variant d’une pièce à l’autre, repose sur quatre pieds évasés laqués corail. La réapparition de ces fauteuils, estimés 200 000 à 250 000 euros chacun, est un événement. À part un fauteuil Bibendum, que nous avons cédé pour 300 900 euros le 9 décembre 2003, et une suspension Aéroplane, adjugée 228 250 euros chez Christie’s le 20 mai 2003, on n’avait rien vu d’Eileen Gray depuis l’exposition de Cheska Vallois à la Biennale en 2000. Pour l’occasion, quatre jours d’exposition avant la vente seront organisés à Drouot. La vente sera aussi étoffée d’autres lots importants signés Ruhlmann, Leleu, Dupré-Lafon, Puiforcat...
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Jean-Marcel Camard, président du directoire de Camard & Associés et spécialiste en Art déco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Jean-Marcel Camard, président du directoire de Camard & Associés et spécialiste en Art déco