Trois questions à

Jacques Babonneau, directeur général de la SVV Piasa et conseiller d’Artemis

« Garantie et avance : un double service financier »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2006 - 785 mots

Comment s’est passée l’intégration de Piasa chez Artemis ?
Fruit d’un regroupement de quatre commissaires-priseurs parisiens (Jean-Louis Picard, Pierre Emmanuel Audap, Lucien Solanet et Alexis Velliet), Piasa a été fondée en 1996. Lorsque François Pinault achète Christie’s en 1998 via sa holding Artemis, il cherche en même temps un moyen de compléter et diversifier l’orientation haut de gamme de Christie’s sur le marché français. Dans cette optique, il se tourne vers Piasa, dont le positionnement lui plaît en termes de niveau d’excellence professionnelle, d’image, de réputation, d’intégrité, de transparence et d’enracinement sur le sol français, notamment auprès des notaires. Des accords sont pris en 2000, qui se concrétisent par un rachat de Piasa par Artemis, rendu possible en 2002 à la suite de la nouvelle loi française concernant les sociétés de ventes. Je suis alors nommé directeur général de Piasa, représentant ainsi l’actionnaire Artemis, Patricia Barbizet en étant la présidente. Ma fonction principale est de manager la SVV Piasa afin de lui donner les moyens d’atteindre les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés, à savoir développer et optimiser au mieux son potentiel. J’ai également pour mission de régler les problèmes non seulement humains de la société, mais aussi juridiques et financiers, ce qui permet aux commissaires-priseurs de se consacrer librement et pleinement à l’art.

Comment a évolué Piasa ces dernières années ?
Jusqu’en 2004 Piasa fonctionnait avec ses quatre membres fondateurs. L’an dernier a été marqué par les départs programmés de Jean-Louis Picard et de Lucien Solanet. Nous avions prévu cette évolution dès le départ, et cela faisait partie du deal au moment de l’acquisition de Piasa par Artemis. Cela dit, Jean-Louis Picard et Lucien Solanet continuent à apporter des affaires dans les secteurs traditionnels qui étaient les leurs (tableaux anciens, dessins, estampes, art moderne, art d’Asie, mobilier et objets d’art), même s’ils ne sont plus dirigeants de Piasa.
Le retrait progressif de Jean-Louis Picard et de Lucien Solanet s’est traduit par l’intégration de deux nouveaux commissaires-priseurs : Henri-Pierre Teissèdre (en 2003), excellent professionnel du monde de l’art, dont l’expérience et les compétences ont contribué à renforcer l’équipe actuelle, et Delphine de Courtry, une jeune femme dynamique et volontaire qui se passionne pour l’art moderne et contemporain (son grand-père dirigeait d’ailleurs la galerie Charpentier à la grande époque). Lorsqu’elle était stagiaire, elle a eu l’opportunité d’appréhender tous les aspects de l’activité de Piasa, et elle en connaît donc aujourd’hui tous les rouages.
Il est vrai, cependant, que le départ de Me Picard et de Me Solanet en 2005 a engendré une baisse
d’activité (moins 16 % de chiffre d’affaires en 2005), mais nous mettons tout en œuvre pour que les résultats de l’année 2006 soient à la hauteur de nos ambitions.

Quelles sont les nouvelles orientations de Piasa ?
Nous développons actuellement de nouveaux secteurs : un département Photographies avec l’assistance de l’expert Yves Di Maria (première vente le 23 mai) ainsi qu’un département d’Art contemporain complétant le département d’Art moderne, qui sera étoffé. L’ouverture prochaine de ce département d’Art contemporain créera une dynamique pour ce marché porteur.
Nous envisageons également ultérieurement de créer un département Design. Ainsi, nous espérons pouvoir récupérer des parts de ces différents marchés. Parallèlement, nous avons agrandi nos locaux par l’annexion d’un étage d’environ 300 m2, rendant de ce fait l’ensemble plus accueillant, avec
notamment l’ouverture de salles d’expositions pour le plaisir de notre clientèle.
Enfin, la création d’un double service financier particulièrement intéressant répondra à l’attente de nombreux clients, à savoir : une garantie de prix à 80 % de l’estimation basse et une avance de 50 % sur le produit attendu de la vente.
Il est important de souligner que Piasa est l’une des rares maisons de ventes à enregistrer un pourcentage de rachats très faibles. Sur les dix dernières années, en effet, son produit total vendu fluctue entre 85 % et 93 %. Ce chiffre varie selon les domaines (moins soutenu pour l’archéologie, par exemple, et plus significatif sur des secteurs moteurs comme les tableaux anciens), mais, globalement, c’est un chiffre élevé par rapport à la moyenne du marché. Forts de ces statistiques, nous avons lancé ainsi ces deux produits attractifs.
Certes, l’avance sur vente se fait également plus ou moins confidentiellement chez nos concurrents, mais généralement uniquement sur des pièces phares. Chez Piasa, ce service n’est limité ni en montant ni en nombre d’objets : chaque client peut en bénéficier, moyennant une juste rémunération, que ce soit pour une collection entière, une succession ou un seul lot. C’est cependant un service payant, et il n’est en revanche plus possible au vendeur de fixer un prix de réserve lorsqu’il bénéficie de ces avantages. Ainsi, grâce au soutien stratégique et au pouvoir financier d’Artemis, ces deux services sont déjà pleinement opérationnels.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°234 du 31 mars 2006, avec le titre suivant : Jacques Babonneau, directeur général de la SVV Piasa et conseiller d’Artemis

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