Les ventes d’art asiatique organisées ce mois-ci à New York sont les dernières avant la restitution de Hong Kong à la Chine, et les incertitudes liées à l’avenir du territoire poussent certains collectionneurs à se séparer de leurs pièces dès maintenant (lire notre précédent numéro). Christie’s dispersera en conséquence deux importantes collections particulières de Hong Kong, dont l’une sera mise aux enchères à Singapour, ainsi qu’une collection en provenance d’Hawaii.
NEW YORK - "Les amateurs apprécient la stabilité du marché new-yorkais en comparaison du caractère plus imprévisible de celui de Hong Kong, explique James Godfrey, de Sotheby’s. New York est même en passe de détrôner Londres : il est plus facile d’y vendre et d’y acheter, car les taxes et les restrictions à l’importation sont moindres. Naguère, les Américains se rendaient à Londres pour rencontrer les marchands anglais, mais de nos jours, grâce à l’Asian Art Fair et à des expositions organisées par de grands antiquaires tels qu’Eskenazi, ce sont les marchands londoniens qui viennent aux États-Unis." La seconde partie de la collection Jingguantang rassemblée par l’homme d’affaires T.T. Tsui, qui sera proposée au public new-yorkais le 20 mars, promet d’être la plus remarquable des deux collections hong-kongaises mises en vente par Christie’s. La première partie, qui réunissait surtout des porcelaines et des jades, a été dispersée à Hong Kong en novembre 1996 pour un montant total de 10 millions de dollars. Cette vacation comprendra des céramiques datant du Néolithique au XIXe siècle, ainsi que des objets en verre, des bronzes archaïques et du mobilier Ming, toutes pièces plus en rapport avec le goût des acheteurs américains. Le mobilier Ming était auparavant exposé au Musée Tsui de Hong Kong. Un tripode rituel en bronze de la dynastie des Zhou occidentaux retiendra particulièrement l’attention du fait de ses dimensions imposantes (est. 1,5 à 1,8 million de dollars). Deux figurines Tang en terre cuite sont tout aussi exceptionnelles : l’une représente une dame de cour tenant un oiseau (est. 220 000 à 250 000 dollars), l’autre, une femme assise, une fleur à la main (est. 200 000 à 300 000 dollars).
Deux collections de netsukes
La seconde collection provenant de Hong Kong sera dispersée à Singapour, le 30 mars, et pourrait atteindre un résultat proche du million de dollars. Il s’agit de la collection Yangzhitang de porcelaine impériale de la fin de la dynastie Qing (1821-1911), rassemblée par Simon Kwan, dont les collections de jades, de céramiques et d’objets en argent et en or peuvent par ailleurs être étudiés dans les catalogues qui leur ont été consacrés.
Le 20 mars, Christie’s proposera une collection provenant de Hawaii, constituée après la visite de son propriétaire aux fours impériaux de Jingdezhen, dans le Sud de la Chine. Riche en porcelaine Ming et Qing, elle sera sans doute bien accueillie par les amateurs new-yorkais. Une vente d’objets divers, programmée les 20 et 21 mars, viendra compléter ces vacations. Y figureront notamment deux grandes sculptures bouddhistes chinoises en marbre, datant du VIe siècle. La première est un Bodhisattva debout, perché sur un piédestal, qui date de la domination des Zhou septentrionaux (est. 280 000 à 350 000 dollars). Il faisait autrefois partie de la célèbre collection de Stephen Junkuna III, qui s’est séparé de plusieurs pièces au cours des dernières années. L’autre sculpture, d’une rare beauté, provient de la province du Hebei, voisine de Pékin. Il s’agit d’un Bouddha assis, jambes croisées, qui arbore un air de contemplation sereine et dont les vêtements portent encore des traces de dorure et de peinture (est. 200 000 à 250 000 dollars). De son côté, Sotheby’s ne dispersera pas de collections complètes, mais sa vente du 19 mars comportera des pièces consignées par au moins huit collectionneurs américains de premier plan. La veille, la vente d’art japonais comprendra deux collections de netsukes.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Hong Kong mise sur New York
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Hong Kong mise sur New York