Créée par la famille Hinojosa, actionnaire de Marks & Spencer et propriétaire de l’empire textile Cortafiel, la salle de vente Castellana 150 voit le jour dans un paysage madrilène clairsemé.
MADRID (de notre correspondante) - À Madrid, l’activité des salles de vente est assez limitée comparée à celles de Paris, et ce pour des raisons historiques. Terrorisés par le percepteur, les Espagnols se sont longtemps montrés réticents à mettre sur le marché leurs trésors familiaux. D’autre part, l’essor du marché de l’art au début des années quatre-vingt-dix a été stoppé net par la récession qui a frappé le pays entre 1990 et 1995.
Il y existe toutefois quelques salles de vente, parmi lesquelles Fernando Durán et une succursale de la grande maison italienne Finarte. Et il faut aujourd’hui compter avec une nouvelle venue, Castellana 150 qui, comme son nom l’indique, est située dans l’une des plus grandes artères de Madrid. La famille multimillionnaire Hinojosa dirige l’entreprise ; actionnaire de Marks & Spencer, elle est aussi propriétaire de l’empire textile Cortafiel.
Castellana 150 a fait une entrée très remarquée dans le monde le l’art, le 5 février. Renouant avec une tradition depuis longtemps oubliée dans les salles de vente espagnoles, des serveurs parcouraient les allées en offrant champagne, gin-tonic et autres boissons aux acheteurs potentiels. Tenue de soirée exigée : manteaux de fourrure en quantité et smoking de rigueur. Dans la foule, beaucoup avaient été attirés par le battage fait autour de l’événement par la presse espagnole, avec notamment plusieurs pleines pages dans Hola! Cependant, il n’y avait pas que des curieux. Quelques clients sérieux, présents dans la salle ou au téléphone, laissaient augurer d’heureuses perspectives.
Mais tout n’a pas été facile lors de cette inauguration, car nombre d’œuvres présentées étaient déjà connues du marché et les estimations élevées. La sélection de tableaux de maîtres anciens, particulièrement médiocre, s’est assez difficilement vendue, ainsi que la plupart des lots majeurs, qui comportaient pourtant des œuvres de Cristofano Allori, Fortuny et Tápies. Quelques belles opérations ont néanmoins été réalisées, comme la vente d’un dessin de Léger adjugé 19 millions de pesetas (7,5 millions de francs), et celle d’une marine du port de Bilbao par Juan Martinez Abades, à 7 millions de pesetas (2,76 millions de francs). Les acheteurs se sont montrés particulièrement enthousiastes pour les céramiques espagnoles et le mobilier, surtout les meubles anglais du XIXe siècle.
Dans l’ensemble, et en comptant les quelques pièces importantes vendues après la vacation, 63 % des 684 lots ont trouvé preneur. Le message est donc clair : il existe à Madrid de réels débouchés pour le marché de l’art, mais ce n’est pas en proposant des œuvres de piètre qualité, avec des estimations élevées, que les maisons de vente pourront les exploiter.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°56 du 13 mars 1998, avec le titre suivant : Hola Castellana !