Le 16 juin, Me Tajan donnera le coup d’envoi de ses ventes à l’hôtel George V avec une dispersion d’art moderne qui compte d’importantes œuvres de Picasso et Soutine. Le lendemain, de belles pièces d’orfèvrerie des XVIIe et XVIIIe siècles seront proposées, des meubles et objets d’art, et des tableaux anciens.
PARIS. La vente de tableaux modernes du 16 juin réunit des noms habituellement bien accueillis par les amateurs : Picasso, Soutine, Albert Marquet, Kisling, Chagall, Chirico. L’étude souligne la présence de six œuvres de Foujita et trois de Bernard Buffet, "à l’attention des collectionneurs japonais, chinois et taiwanais"... La Course de taureaux, une huile sur toile de Picasso datée de 1939, brossée en quelques coups de pinceau énergiques, pourrait atteindre 4 à 5 millions de francs. L’autre tableau phare est une étonnante huile sur toile de Chaïm Soutine, Femme entrant dans l’eau, vers 1931. Estimée 5 millions de francs, elle est considérée comme une œuvre capitale, inspirée de la Suzanne au bain de Rembrandt. Cette toile, ainsi qu’une autre œuvre sur le même thème, La Femme au bain (1931), a appartenu à la décoratrice et antiquaire Madeleine Castaing et à son mari Marcellin. Peinte dans le jardin de leur propriété, à Lèves, elle représente une jeune paysanne du village, ou peut-être plutôt Deborah Melnik, la compagne de Soutine alors enceinte de leur fille, thèse défendue par Clarisse Nicoïdski qui compare la toile avec une photo d’époque de la jeune femme. Venant de plusieurs collections, les pièces d’argenterie ancienne dispersées le 17 juin forment un ensemble restreint – moins de cinquante lots –, mais de qualité. Réalisé à Strasbourg en 1749-1750, un écrin en cuir contient un merveilleux nécessaire de voyage en vermeil : bougeoirs démontables, gobelet, couverts, et même boîte à épices... L’estimation se situe entre 400 000 et 500 000 francs. Une aiguière armoriée de forme balustre, réalisée à L’Isle-sur-la-Sorgue au milieu du XVIIIe siècle, est estimée 150 000 à 180 000 francs.
Un service à thé de l’impératrice Eugénie
Parmi les meubles, un élégant bureau plat en placage d’ébène d’époque Louis XVI, estampillé Montigny, avec son cartonnier orné d’une pendule en bronze, a reçu une estimation de 2 à 2,3 millions de francs, et une commode galbée en placage d’amarante, richement décorée de bronzes, d’époque Régence par Cressent, 1 à 1,5 million de francs. Un bureau en placage d’ébène, cuivre, écaille brune et rouge marqueté, d’époque Louis XVI, attribué à l’ébéniste hollandais Oppenordt, est évalué 1 million de francs environ. Parmi les curiosités, un service à thé et café en porcelaine de Paris, offert par l’impératrice Eugénie à Ismaïl Pacha, vice-roi d’Égypte, lors de l’inauguration du canal de Suez en 1869 est estimé entre 50 000 et 60 000 francs. Du côté des tableaux anciens, un Paysage imaginaire de Bernardo Bellotto, provenant d’une collection privée new-yorkaise, est estimé 7 à 9 millions de francs. Neveu du grand Canaletto, Bellotto se situe dans la tradition des vedute, et son talent est très recherché dans les cours d’Europe centrale, notamment en Pologne où il devient le peintre officiel du roi. Estimée 1,5 à 1,8 million de francs, une paire de toiles sur l’Adoration des mages et des bergers est à remarquer, ainsi qu’une somptueuse Nature morte au bouquet, au verre Berkemeyer, hanap et corbeille de fruits de Pieter Claesz et Roelof Koets, venant d’une collection privée allemande et estimée 800 000 à 1,2 million de francs.
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Histoires d’eaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : Histoires d’eaux