FRANCE
L’avocat à la Cour et président de chambre honoraire à la Cour des comptes a été nommé à la tête du Conseil des ventes volontaires (CVV) en octobre 2019.
Ce n’est pas nouveau pour moi : quand j’ai intégré le cabinet du ministre de la Culture (en 2004, Renaud Donnedieu de Vabres) en tant que directeur, la crise des intermittents battait son plein. Les crises ne me font pas peur !
Suite à la polémique concernant les pouvoirs disciplinaires du conseil – il y avait une certaine confusion entre le rôle de président et la mission disciplinaire de l’autorité de régulation –, j’ai décidé dès mon arrivée de déléguer la présidence de la commission disciplinaire à la conseillère d’État qui me suit dans l’arrêté de nomination, Laurence Franceschini. Par ailleurs, j’ai souhaité donner de vraies responsabilités à des membres du conseil : par exemple, la commission marché a été confiée à François Tajan [disparu fin février] puis à Françoise Benhamou, celle de la déontologie à Édouard de Lamaze, et celle de la formation, à Sylvie Maunand. Quant à moi, j’harmonise ces différents travaux et dirige les services du Conseil.
Nous avons aussi rebâti le site Internet, lancé la réflexion sur les conséquences du Brexit pour le marché de l’art, et mis fin à une ambiguïté : le Conseil avait juridiquement la responsabilité de la lutte contre le blanchiment sans les moyens pour la mener.
Nous avons accéléré la cadence et avons beaucoup travaillé, d’abord en faisant le bilan de toutes les aides pouvant être données aux commissaires-priseurs, puis en leur adressant des recommandations sur ce qu’ils pouvaient faire et ne pas faire, notamment en matière d’enchères en ligne.
Nous avons négocié avec le service des Musées de France pour qu’il délivre les cinquante demandes de certificats d’exportation les plus utiles pour les maisons de ventes, afin de faciliter les règlements des transactions.
Le report de la dernière cotisation au mois de juin a été acté tandis que nous allons étaler les cotisations dues sur 2020 de manière à ce que la plus lourde n’arrive qu’en fin d’année, le temps que les opérateurs puissent se refaire un peu une santé. Nous avons aussi négocié avec l’État afin que ses achats puissent se faire en temps réel sur Internet pour ne pas avoir à attendre le délai légal.
Nous avons analysé ce qu’il se passait sur le marché, notamment pour les enchères électroniques, et avons fait retirer trois restes humains d’une vente de reliques à la suite d’une plainte déposée par un curé. Et, plus récemment, nous avons négocié le plan de déconfinement.
Il y en a moins en ce moment. Les maisons de ventes sont sur le registre du : « il ne faut pas qu’une autorité nous dicte ce que l’on a à faire ». Ce n’est pas le cas, nous sommes juste là pour les conseiller. Ce qui est étonnant, c’est qu’ils nous sollicitent tout de même ! Il ne faut pas oublier que, grâce à notre intervention auprès de la ministre de la Justice, les maisons de ventes ont fait partie des exceptions pour les lieux accueillant du public et ont pu rouvrir dès la fin du déconfinement.
Je ne sais pas. L’agenda du Parlement va être tellement chargé ! Si le texte a déjà été adopté en première lecture par le Sénat, il va falloir trouver un créneau pour la suite. Ce qui nous reporte au moins à l’année prochaine…
Il est certain que les ventes aux enchères en ligne, c’est l’avenir pour une bonne partie du marché. Cela permet également d’attirer de nouveaux venus, notamment de plus jeunes. Pendant la crise, l’activité a quand même continué grâce à ces ventes – au moins 175 vacations en tout ont été organisées, ce qui n’est pas négligeable. En revanche, il n’y a pas eu réellement de nouveaux acteurs parmi les maisons de ventes, car ce n’est pas si simple d’organiser des ventes en ligne si l’on n’est pas déjà rodé, surtout en période de confinement.
Je ne suis pas contre ce type d’enchères, notamment en présence d’un commissaire-priseur (un huis clos en live), mais je suis plus réservé quant aux ventes exclusivement en ligne car je ne sais pas si toutes les précautions et garanties sont réunies. Il est vrai que ces ventes totalement dématérialisées perdent un peu du charme propre à la vente aux enchères. En France, ce marché n’a pas encore atteint sa maturité. Pour l’améliorer, il faudrait un marketing digital adapté, par l’intermédiaire des réseaux sociaux notamment. Il y a un effort à faire pour approcher cette nouvelle clientèle. Il faudrait également améliorer la communication entre les opérateurs et les acheteurs, les modalités de règlement, de livraison… Je serais assez content d’élaborer une formation continue sur ces sujets. Il faut aussi moderniser la formation des jeunes commissaires-priseurs, pour ne pas rester à la traîne. Le métier a changé.
La France (3,37 Md€, +12,1 %) a bien tenu, mieux que d’autres marchés, alors je suis assez confiant. Je pense qu’elle va résister à la crise. Mais il y a aussi l’effet Brexit, que l’on n’a pas encore mesuré…
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Henri Paul : « Il faut un marketing digital adapté pour les ventes en ligne »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°547 du 5 juin 2020, avec le titre suivant : Henri Paul : « Il faut un marketing digital adapté pour les ventes en ligne »