Après avoir été exposé à la galerie Claude Bernard durant 35 ans, l’orfèvre est désormais représenté chez Mathias Ary Jan.
Paris. À 83 ans, Goudji, né Guy Georges Amachoukeli (1941) reste un infatigable créateur. En cinquante ans, depuis son arrivée en France en 1974, il n’a cessé, chaque jour, de marteler les métaux précieux. Il expose actuellement une trentaine d’objets – 80 % sont de nouvelles créations – à la galerie Ary Jan. « Je vis et travaille essentiellement à Paris, il était donc dommage de ne plus avoir de galerie me représentant depuis la disparition de Claude Bernard. Mathias, qui a une très bonne réputation et qui collectionnait déjà mes créations, m’a sollicité et nous avons commencé une collaboration », explique l’artiste.
« Il y a une dizaine d’années, j’ai découvert le travail de Goudji et j’ai ressenti une émotion particulière. Alors, j’ai commencé à collectionner et, il y a trois ans, un ami commun nous a présentés. Le courant est tout de suite passé et Goudji m’a accordé sa confiance. Je suis très honoré de prendre la suite de Claude Bernard », raconte Mathias Ary Jan. Aujourd’hui, le marchand souhaite ouvrir le travail de l’orfèvre à d’autres horizons,« à l’étranger, dans les pays du Golf ou aux États-Unis par exemple ».
Né en Géorgie, Goudji étudie à l’Académie des beaux-arts de Tbilissi, puis son destin le mène à Moscou où il travaille en tant que designer. Mais lui n’a qu’une idée en tête, créer des pièces uniques avec des matériaux précieux – dans son pays, il est formellement interdit de les travailler. Il rencontre sa femme, Katherine Barsacq, l’épouse en 1969 et met cinq ans à quitter son pays pour rejoindre la France. « Pour débuter, il fallait de la matière première. Mais heureusement, en partant, ma pauvre mère m’avait donné six cuillères en argent. Je les ai transformées et c’est comme ça que j’ai réalisé ma première collection de bijoux. »
Si l’orfèvre a débuté par la réalisation de bijoux, il a rapidement créé des objets, tant liturgiques que profanes, et a reçu de nombreuses commandes, à l’instar du mobilier de la cathédrale de Chartres et 12 épées d’académiciens. En cinquante ans de carrière, il a créé entre 2 500 et 2 600 objets – exclusivement des pièces uniques. « Je réalise tout moi-même, de la conception à la réalisation. C’est sans précédent dans l’histoire de l’art », rapporte le sculpteur. Tour à tour, il se fait dinandier, orfèvre, joaillier, lapidaire ou bien chaudronnier… Au fil des ans, il a développé une technique très personnelle, donnant forme à ses créations « au marteau, à partir d’une simple feuille de métal ». Il conjugue la technique de la dinanderie avec l’incrustation de pierres dures dans le métal : « Les pierres sont enchâssées directement dans le corps de l’objet. Elles ne sont pas apportées après. » Il forge ses outils lui-même au fur et à mesure de ses besoins – il dispose de 3 000 bigornes.
Son inspiration ? Il la puise notamment dans l’Antiquité – l’art archaïque grec, l’art sassanide ou encore mésopotamien et l’art d’Europe centrale. « Je vois dans ses pièces à la fois la culture ancienne et une très grande modernité et je trouve que dans chaque objet, il y a une magie, une élégance, une sensualité, une âme », détaille Mathias Ary Jan.
Parmi les pièces exposées – plats, coupes, sablier, vases, verseuses, personnages, centres de table… – figurent une Aquamanile aux colombes en argent martelé et repoussé, quartz rose et fluorite ; Les oiseaux de lumière, paire de flambeaux en argent martelé et repoussé, sodalite, œil-de-tigre, agate, amazonite, jaspe, cristal, calcédoine, pierre violette, améthyste et serpentine ; ou encore Canthare aux grimpereaux à crête de feu (voir ill.), en argent martelé et repoussé, pierre violette, œil-de-fer, œil-de-faucon, jaspe et serpentine.
Des pièces d’une infinie poésie où chaque détail compte.
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Goudji, dialogue entre design et arts précieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Goudji, dialogue entre design et arts précieux