Géricault et le Parmesan

PARIS - Du 25 au 27 mars, cinq maisons de ventes parisiennes mettront aux enchères plus de 750 dessins de toutes époques. « Avec le Salon du dessin qui tire le marché vers le haut, les ventes s’organisent en rangs groupés », constate Patrick de Bayser, l’expert des ventes d’Artcurial, Piasa et Tajan. Comme chaque année, la SVV de Maigret se joint à la fête avec une large sélection de pièces incluant La Bataille des Pyramides (1804), un lavis gris aquarellé de Dirk Langendyck estimé 15 000 euros. Mais, faute de marchandise (après les ventes de dessins de janvier à New York), Christie’s a dû repousser sa vacation parisienne de dessins, en l’adjoignant à sa vente de tableaux anciens et du XIXe siècle prévue le 23 juin. La maison Tajan a également peiné à réunir une cinquantaine de feuilles, finalement couplées à des peintures le 25 mars. Un Cavalier au crayon par Edgar Degas, estimé 20 000 euros, en fait partie. Piasa maintient un beau contingent de pièces, comprenant notamment Peintre sur le motif à Ronciglione, paysage de Jean-Baptiste Camille Corot estimé 25 000 euros.

Les collections Vitta et Lebel
Artcurial annonce un programme brillant, fort de 26 œuvres datées de la première moitié du XIXe siècle provenant de l’ancienne collection du baron Joseph Vitta (1860-1942) et conservées dans la famille jusqu’à ce jour. L’un des lots les plus attendus est une esquisse à l’huile et au crayon noir de Théodore Géricault pour un tableau conservé au Musée du Louvre, Officier de chasseurs à cheval de la Garde impériale chargeant (1812), estimée 300 000 euros. Plusieurs pièces d’Eugène Delacroix sont à noter, dont Jeune femme à sa toilette ou la Toilette de Psyché, pastel de 1862 estimé 60 000 euros, et Feuille d’études de têtes de lionne, superbe dessin au crayon noir réalisé dans les premières heures suivant la mort de la lionne du Jardin des plantes en 1827, estimé 50 000 euros. La vente d’Artcurial se poursuivra avec une sélection de dessins de provenances diverses parmi lesquels Deux soldats marocains endormis dans un corps de garde à Meknès (1832) de Delacroix, aquarelle gouachée sur traits de crayon noir, estimée 120 000 euros, et un important pastel de Jean-Louis Forain, La Lettre et l’absinthe (vers 1885), estimé 90 000 euros.
Enfin, Sotheby’s fait honneur à la spécialité pour la première fois en France avec la collection Robert Lebel (1901-1986). Cette collection rassemble plusieurs pièces italiennes de la Renaissance, à commencer par une Étude pour la Madone au long cou de Francesco Mazzola dit « le Parmesan », présentée pour la première fois sur le marché et estimée 500 000 euros. Au chapitre des dessins anciens français et hollandais, signalons une Cléopâtre de Claude Vignon, à la sanguine et à la pierre noire, estimée 40 000 euros, ainsi qu’un élégant dessin maniériste de Hendrick Goltzius représentant Vénus ordonnant à l’Amour de percer de ses flèches le cœur de Pluton, estimé 60 000 euros.